Page:Sima qian chavannes memoires historiques v2.djvu/286

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vaincu, dans l’un et l’autre cas vous serez mis à mort. En outre, que le Ciel veuille perdre Ts’in, c’est ce que, sot ou sage, chacun sait. Ainsi, général, à la cour vous ne pouvez arrêter les reproches ; au dehors, vous êtes le général d’un royaume perdu ; celui qui persiste à tenir bon, abandonné de tous et solitaire, et qui cependant prétend conserver longtemps la vie, comment ne serait-il pas digne de compassion ? Général, pourquoi n’entrez-vous pas dans la ligue du nord au sud formée par les seigneurs ? ils ont convenu d’attaquer ensemble Ts’in, de se partager son territoire pour y être rois, se tourner du côté du sud et parler en souverains[1]. Cela ne vaut-il pas mieux que de vous mettre vous-même entre la hache et le billot et de faire exterminer vos femmes et vos enfants ?

Tchang Han fut très perplexe ; il envoya secrètement le (kiun-)heou[2] Che-tch’eng, en mission auprès de Hiang Yu, car il voulait traiter. Le pacte n’était pas encore conclu lorsque le général P’ou, sur l’ordre de Hiang Yu, fit marcher ses soldats jour et nuit, traversa le gué de San-hou[3], établit son camp au sud de la rivière Tchang, livra bataille à Ts’in et le battit à deux reprises ; Hiang Yu mena toutes ses troupes à l’attaque de l’armée de Ts’in sur les bords de la rivière Yu[4] et lui fit essuyer une grande défaite. Tchang Han

  1. Littéralement : et dire, en parlant d’eux-mêmes, moi, l’homme unique.
  2. Heou, ou plus exactement kiun-heou, était le nom d’une fonction militaire. Cette note complète la note 117.
  3. San-hou était un gué de la rivière Tchang ; il se trouvait à l’ouest de la sous-préfecture de Lin-tchang, préfecture de Tchang-, province de Ho-nan. Cf. note 141 ad fin.
  4. Dans le nom de cette rivière, le caractère se prononce yu. La rivière Yu est un petit affluent de la rivière Tchang, au sud-ouest de la sous-préfecture de Lin-tchang.