affaires vont-elles aujourd’hui ?
— Nous sommes dans une situation fort critique, répondit (Tchang) Leang ; en ce moment Hiang Tchoang a tiré son épée et danse et ne pense qu’à (tuer) le gouverneur de P’ei. (Fan) K’oai[1] dit :
— La chose est urgente ; je demande à entrer et à partager sa destinée.
(Fan) K’oai ayant ceint son épée et portant au bras son bouclier pénétra donc par la porte du camp ; les gardes qui croisaient leurs lances voulurent l’arrêter et l’empêcher d’entrer ; Fan K’oai repoussa de côté son bouclier pour en frapper les gardes qui tombèrent à terre ; il entra donc, écarta le rideau et se tint debout, tourné vers l’ouest, ; il regardait fixement le roi Hiang ; ses cheveux étaient dressés sur sa tête ; ses yeux étaient démesurément ouverts. Le roi Hiang posa la main sur son épée et, se mettant à genoux, il dit :
— Étranger qui êtes-vous ?
Tchang Leang répondit :
— C’est Fan K’oai, celui qui prend place sur le char à côté du gouverneur de P’ei. Le roi Hiang dit :
— C’est un vaillant guerrier ; qu’on lui offre une coupe de vin.
On lui donna une coupe de vin de la mesure d’un teou[2] ; Fan K’oai remercia en saluant ; il se redressa et la but debout. Le roi Hiang dit :
— Offrez-lui une épaule de porc.
On lui donna une épaule de porc crue ; Fan K’oai posa son bouclier par terre, plaça dessus l’épaule du porc et, avec son épée qu’il avait tirée, il la découpa, puis la mangea. Le roi Hiang lui dit :
— Vaillant guerrier, pouvez-vous encore boire ?
—
- ↑ Sur ce personnage, cf. Mémoires historiques, chapitre XCV.
- ↑ D’après le Yu pien, cité par le Dictionnaire de K’ang-hi au mot tche, le tche ordinaire avait une contenance de quatre cheng ; or il faut dix cheng pour faire un teou ; une coupe tche d’une capacité d’un teou était donc plus du double d’une coupe ordinaire.