Page:Sima qian chavannes memoires historiques v2.djvu/295

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Votre sujet, répondit Fan K’oai, n’éviterait même pas la mort ; comment refuserait-il une tasse de vin ? Le roi de Ts’in avait un cœur de tigre et de loup ; il tuait les hommes comme s’ils eussent été indestructibles ; il torturait les hommes comme s’il avait craint qu’ils ne fussent indomptables ; tout l’empire se révolta contre lui. Le roi Hoai convint avec les généraux que celui qui le premier détruirait Ts’in et entrerait à Hien-yang serait roi de ce pays. Maintenant le gouverneur de P’ei est le premier à avoir détruit Ts’in et à être entré à Hien-yang ; il n’a pas osé s’approprier la moindre chose ; il a fermé de sceaux le palais et les habitations, il a ramené son armée sur les bords de (la rivière) Pa pour y attendre l’arrivée de Votre Majesté. S’il a envoyé des officiers garder les passes, c’est pour empêcher la sortie et l’entrée de brigands étrangers ; c’était une mesure de précaution. Après de telles peines et de si grands mérites, avant qu’il ait reçu en récompense aucun fief de noblesse, prêter l’oreille à de bas propos et vouloir faire périr un homme qui s’est couvert de gloire, c’est continuer la conduite des Ts’in qui se sont perdus. Pour moi, je pense que Votre Majesté ne prendra pas ce parti.

Le roi Hiang ne trouva rien à répondre et lui dit :

— Asseyez-vous.

Fan K’oai s’assit à côté de (Tchang) Leang. Après qu’il fut resté assis un moment, le gouverneur de P’ei se leva comme pour aller aux lieux d’aisances et profita de cette occasion pour inviter Fan K’oai à sortir. Lorsque le gouverneur de P’ei fut dehors, le roi Hiang envoya le tou-wei Tch’en P’ing le mander. Le gouverneur de P’ei dit :

— Me voici sorti, mais je n’ai point encore pris congé ; que faut-il faire ?

— Dans une entreprise d’importance, répondit Fan K’oai, on ne