Page:Sima qian chavannes memoires historiques v2.djvu/429

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grand conseiller de droite Wang Ling, qui répondit :

— L’empereur Kao a immolé un cheval blanc et nous a fait prêter ce serment : Ceux qui n’appartiennent pas à la famille Lieou et qui seront rois, que tout l’empire s’unisse pour les combattre. Maintenant, nommer rois (des membres de) la famille Lu, c’est contraire à cet engagement.

L’impératrice-douairière fut mécontente ; elle interrogea le grand conseiller de gauche, Tch’en P’ing et le marquis de Kiang, Tcheou P’o ; (Tcheou) P’o et les autres lui dirent :

— C’est lorsque l’empereur Kao s’était emparé de l’empire, qu’il nomma rois ses fils et ses frères cadets ; maintenant que l’impératrice-douairière rend des décrets, il n’y a rien d’impossible à ce qu’elle nomme rois les membres de la famille Lu ses frères.

L’impératrice-douairière fut satisfaite et leva l’audience. Wang Ling fit des reproches à Tch’en P’ing et au marquis de Kiang et leur dit :

— Autrefois, lorsque nous avons prêté serment à l’empereur Kao, après avoir humecté vos lèvres du sang (de la victime)[1], n’étiez-vous pas présents ? Maintenant, l’empereur Kao est mort ; l’impératrice-douairière, une femme, règne ; elle veut nommer rois (les membres de) la famille Lu ; pour vous conformer à ses désirs et pour flatter ses pensées, vous violez votre engagement. De quel visage aborderez-vous l’empereur Kao sous la terre[2] ?

Tch’en

  1. Dans la Chine ancienne, lorsqu’on faisait une convention, on la scellait en se frottant les côtés de la bouche avec le sang de la victime. Les textes qui attestent cette coutume sont nombreux ; cf. Mémoires historiques, chap. LXXVI, p. 2 r° ; et comme preuve indirecte, Mencius, VI, b, 7 § 3. On désignait cet acte rituel sous le nom de cha-hiue.
  2. Ce passage est remarquable parce qu’il prouve nettement la croyance à une vie des morts sous la terre (cf. note 06.464. ).