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KAO-TSOU

concubine et le fit passer pour sien ; on tua la mère et on nomma héritier présomptif le fils qui passait pour le sien. Après que Hiao-hoei fut mort, l’héritier présomptif devint empereur ; quand il fut grand, quelqu’un lui apprit que sa mère était morte et qu’il n’était pas véritablement fils de l’impératrice ; il proféra alors cette parole :

— L’impératrice a bien pu tuer ma mère et me faire passer pour son fils ; je ne suis pas encore adulte, mais quand je serai grand, je ferai des changements.

L’impératrice-douairière apprit ces propos et en fut inquiète ; elle craignit qu’il ne suscitât des troubles et l’emprisonna donc dans le pavillon Yong-hiang[1] ; elle prétendit que l’empereur était fort malade et son entourage ne put plus le voir, l’impératrice-douairière dit :

— Toute personne qui a entre ses mains le gouvernement de l’empire est la destinée même de tout le peuple, elle le couvre comme le Ciel ; elle le contient comme la Terre ; quand l’empereur a un cœur aimant, il donne par là même le repos aux cent familles ; les cent familles sont alors satisfaites de lui et par là même servent leur souverain ; par les relations réciproques entre l’amour et la satisfaction, l’empire est bien gouverné. Maintenant l’empereur est malade ; sa maladie dure depuis longtemps et ne prend pas fin ; il a perdu le sens et son esprit est troublé ; il est incapable de continuer la lignée (impériale) et de s’acquitter des sacrifices au temple ancestral ; on ne peut lui confier l’empire. Je le remplace donc.

Tous les ministres assemblés se prosternèrent la tête contre terre et dirent :

— L’impératrice-douairière maintient l’ordre dans le peuple pour le plus grand bien de l’empire ; les plans par lesquels elle assure le repos du temple ancestral et

  1. Cf. note 114.