Page:Sima qian chavannes memoires historiques v2.djvu/437

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Je n’ai plus de sujets fidèles ; pourquoi ai-je quitté mon royaume ? Si j’avais décidé de mon sort en pleine campagne, le Ciel azuré aurait récompensé mon intégrité[1]. Hélas ! à quoi servent les regrets ? il aurait mieux valu sans retard recourir à ce qui était en mon pouvoir.

Être roi et mourir de faim, qui aurait pitié d’un tel sort ? La famille Lu a violé la justice ; je confie ma vengeance au Ciel.

Au jour ting-tch’eou (21 février 181), le roi de Tchao mourut dans sa prison ; on l’enterra à Tch’ang-ngan, avec les rites qui conviennent à un homme du peuple et dans les rangs des tombes du peuple. — Au jour kitch’eou (4 mars 181)[2], il y eut une éclipse de soleil et il

  1. Littéralement : « promouvoir celui qui est intègre ». Cf. Luen yu, chap. IX, § 19 : « donnez de l’avancement à celui qui est intègre et rejetez ceux qui sont pervers ». — Le roi de Tchao regrette de s’être rendu à l’appel de l’impératrice et d’avoir quitté son royaume de Tchao ; il aurait mieux fait, voyant que son cas était désespéré, de se tuer lui-même en pleine campagne, c’est-à-dire en pleine liberté, et de prendre à témoin de son innocence le Ciel qui aurait proclamé sa droiture. Il ne se serait pas exposé à l’humiliation de mourir de faim, supplice dégradant qui excite la risée plutôt que la compassion.
  2. Ce jour, ajoute le Ts’ien Han chou, était le dernier du mois. Je ne me suis pas servi de cette indication pour dresser mon Tableau chronologique (T’oung pao, vol. VII, p. 26) : elle se trouve cependant en accord rigoureux avec ce tableau et en prouve l’exactitude.