Page:Sima qian chavannes memoires historiques v2.djvu/441

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de Yen, roi Yuen de Lou. Puis elle conféra au tchong-ta-ye-tché Tchang Che[1] le titre de marquis de Kien-ling et à Lu Yong, le titre de marquis de Tchou-tse. Tous les eunuques du palais, titulaires ou assistants, furent faits marquis de l’intérieur des passes, avec la jouissance des revenus de cinq cents foyers.

Au milieu du septième mois, la maladie de l’impératrice femme de Kao(-tsou) s’aggrava fort ; elle ordonna alors que Lu Lou, roi de Tchao, prit le titre de général en chef et campât dans l’armée du nord. , et que (Lu) Tch’an, roi de Lu, résidât dans le camp du sud. L’impératrice-douairière Lu fit des recommandations à (Lu) Tch’an et à (Lu) Lou en ces termes :

— Lorsque l’empereur Kao(-tsou) se fut assuré de l’empire, il fit prononcer à ses principaux ministres ce serment : Ceux qui n’appartiennent pas à la famille Lieou et qui seront rois, que tout l’empire s’unisse pour les combattre. Maintenant, des membres de la famille Lu sont rois ; les principaux ministres ne sont pas calmes. Après ma mort, comme l’empereur est jeune, il est à craindre que les principaux ministres ne fassent une révolution. Ayez soin de vous appuyer sur les troupes pour garder le palais ; gardez-vous d’accompagner le cortège funéraire ; ne vous laissez commander par personne.

Au jour sin-se[2] (21 juill. 180), l’impératrice femme de Kao-tsou

  1. Ce Tchang Che était un eunuque ; il avait favorisé la politique de l’impératrice et aidé à nommer rois des membres de la famille de Lu ; c’est pourquoi il fut ennobli.
  2. D’après ce texte, le jour sin-se aurait dû se trouver vers la fin du septième mois, puisque l’impératrice était tombée gravement malade au milieu du septième mois ; le Ts’ien Han chou dit aussi : Le septième mois, au jour sin-se. . . Cependant Se-ma Ts’ien et Pan Kou sont tous deux dans l’erreur, car il n’y a pas de jour sin-se, 18e du cycle dans le courant du 7e mois. Le jour sin-se est le dernier du 6e mois (18 août 180) et il faut donc lire « sixième mois » au lieu de « septième mois. » — Ce passage est cependant un de ceux qui pourraient le plus faire douter de la valeur de la chronologie que j’ai exposée dans le T’oung pao (vol. VII). Voici en effet l’objection qu’on peut élever : quelques pages plus loin on lit : « le neuvième mois intercalaire, au jour ki yeou qui était le dernier du mois. . . » Il semble donc qu’il y ait lieu de reconnaître un mois intercalaire dans la huitième année de l’impératrice Lu ; on aurait alors la chronologie suivante pour les derniers mois de cette année-là : Le 7e mois commence au 50e et finit au 18e jour du cycle. Le 8e mois commence au 19e et finit au 47e jour du cycle. Le 9e mois commence au 48e et finit au 16e jour du cycle. Le 9e m. interc. commence au 17e et finit au 46e jour du cycle. Ces dates feraient du jour sin-se, 18e du cycle, le dernier du 7e mois, et il n’y aurait pas lieu de corriger le texte des Mémoires historiques, et du Ts’ien Han chou. Ce serait donc parce que ma chronologie aurait méconnu l’existence d’un neuvième mois intercalaire dans la huitième année de l’impératrice Lu qu’elle se trouverait en désaccord avec les témoignages des historiens. — Je dois avouer que ce passage m’a longtemps arrêté dans mes premiers essais pour établir une chronologie exacte ; je crois cependant prouver qu’il n’y a pas lieu d’en tenir compte, parce qu’il est manifestement altéré. Nous trouvons en effet dans les pages de Se-ma Ts’ien qui viennent immédiatement après celle-ci, les indications suivantes : « le 8e mois, au jour ping-ou (43e du cycle). . . ; le 8e mois, au jour keng-chen (57e du cycle). . . ; au jour sin-yeou (58e du cycle). . . ; au jour jen-siu (59e du cycle). . . ; au jour ou-tch’en (5e du cycle). En premier lieu, les indications relatives aux jours sin-yeou, jen-siu et ou-tch’en n’étant précédées d’aucune mention de mois, on doit supposer que, suivant l’usage constant de Se-ma Ts’ien, ces jours sont compris dans le mois dont il été question en dernier. c’est-à-dire, ici, dans le huitième mois ; c’est ce qui est vrai d’après mon Tableau chronologique ; c’est ce qui serait faux si l’on admettait un neuvième mois intercalaire. En second lieu, les jours ping-ou et keng-chen ne peuvent être compris tous deux dans le même mois, soit que l’on admette, soit que l’on n’admette pas un mois intercalaire ; il y a là une erreur manifeste qu’on ne peut concilier avec aucun système. En troisième lieu (et c’est là l’argument le plus fort), j’ai démontré (T’oung pao, tome VII, p. 10) que le 1er jour du 8e mois de la 7e année de l’impératrice Lu ayant été le 24e jour du cycle, tandis que le 1er jour du 11e mois de la 8e année fut le 22e jour du cycle, il est de toute nécessité que la 7e année ait compté un mois intercalaire ; or il ne peut y avoir de mois intercalaire dans deux années de suite ; donc il n’y en a pas eu dans la 8e année. — En résumé, nous sommes obligé de faire dans la fin de ce chapitre de Se-ma Ts’ien les trois corrections suivantes : 1° le jour sin-se, que l’historien rapporte au septième mois, est en réalité le dernier du sixième mois ; — 2° le jour ping-ou, qu’il rapporte au huitième mois, tombe en réalité dans le septième mois ; — 3° le jour ki-yeou, qu’il dit être le dernier du neuvième mois intercalaire, est en réalité le dernier du neuvième mois et il n’y a pas de mois intercalaire.