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Page:Sima qian chavannes memoires historiques v2.djvu/480

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et le poteau pour exprimer les critiques[1]. Par ce moyen on comprenait la voie qu’il fallait suivre pour gouverner et on attirait les remontrances. Maintenant, c’est un crime prévu par le code que celui de critiques et de paroles inconsidérées ; il en résulte que tous mes sujets n’osent point dévoiler le fond de leurs sentiments et que le souverain n’a plus aucun moyen d’apprendre quelles sont ses fautes ; comment donc pourrait-on faire venir de loin les gens de haute vertu ? J’abroge cette loi. Il arrive que des gens du peuple prononcent des imprécations contre l’empereur pour former entre eux une conjuration, mais qu’ensuite ils se manquent de parole les uns aux autres ; les juges estiment que c’est un cas de grande rébellion et, quoique ces hommes tiennent des propos tout autres, les juges considèrent encore que ce sont des critiques ; ainsi ces gens stupides du menu peuple encourent la mort sans le savoir[2]. C’est là ce que je ne puis admettre ; à partir d’aujourd’hui, ceux qui commettront cette sorte de faute ne passeront pas en jugement.

Le neuvième mois (25 sept. - 24 oct. 178), pour la première fois on fit, afin de les donner aux gouverneurs de commanderies et aux conseillers de royaumes, des contremarques en bronze avec l’image d’un tigre

  1. L’empereur Yao, raconte la légende, avait fait dresser un drapeau dans un carrefour où se dressaient cinq routes ; si quelqu’un avait une amélioration à proposer, il allait se placer au pied de ce drapeau et parlait. De même, il y avait au temps de l’empereur Yao un poteau sur lequel tout homme pouvait aller inscrire ses critiques sur le gouvernement.
  2. L’empereur veut qu’on fasse une distinction entre ceux qui, de propos délibéré, ont formé des complots contre lui et ceux qui, dans un moment de colère, ont proféré des menaces qu’ils ne songeront jamais à mettre à exécution.