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Page:Sima qian chavannes memoires historiques v2.djvu/563

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aux autres ou de se désunir. Regardant à l’invisible Ta-tch’en-kou-tsieou, nous le prenons pour garant.

Maintenant, Hiong-siang, roi de Tch’ou, se conduit mal envers les gens de bien et agit sans raison. Il vit dans le désordre et la licence et il est fort pervers. Il étale sa vantardise ; il prétend ne faire qu’à sa fantaisie. Il a changé et transgressé les règles de la convention. A l’intérieur, il est cruel envers ceux qui sont sans faute ; il fait périr dans les supplices les femmes enceintes ; il enferme et il tue ses parents. Il a emprisonné son oncle ; il l’a placé dans une chambre obscure comme dans l’intérieur d’un coffre ou d’un cercueil. Au dehors, il a, dans sa stupidité, modifié les anciens sentiments ; il n’a pas craint les divinités majestueuses, qui ont une gloire resplendissante, du Ciel souverain, Empereur d’en-haut[1], et de Ta-tch’en-kou-tsieou et il a violé le traité fait avec imprécations et observé pendant dix-huit générations. Il s’est mis à la tête des soldats des seigneurs pour m’accabler ; il a voulu supprimer et détruire mes dieux de la terre et des moissons, et exterminer mon peuple. Il a espéré anéantir notre coutume qui consistait, puisque le Ciel souverain, Empereur d’en-haut, et Ta-tch’en-kou-tsieou sont secourables, à leur faire des sacrifices en leur offrant des jades en forme de tablettes et des victimes. Il est venu s’emparer de mon rempart et de mon nouveau fossé et il a porté la main sur des vieillards qui me sont apparentés. Je ne pouvais pas dire : « C’est bien ! » Maintenant, de nouveau il a levé tout son peuple ; il a exalté par ses paroles orgueilleuses la colère d’un million d’hommes ; il a poli ses cuirasses et aiguisé ses armes ; il a excité l’ardeur de ses soldats et a mis au complet ses bataillons afin d’envahir notre territoire sur la frontière. Il se propose de continuer ses pratiques scélérates. Cependant, réduit à l’extrémité, le peuple du pays de Ts’in a fait un humble tribut consistant en fourreaux de cuir et en chars ; suivant les rites, j’envoyai un vieillard les prendre afin de nous tirer d’embarras. D’autre part, je comptais obtenir que, par la vertueuse bienfaisance de leur puissance

  1. L’expression hoang t’ien chang ti me paraît contenir deux termes en apposition ; le premier désigne la divinité conçue sous forme naturaliste, le Ciel ; le second désigne la divinité d’une manière anthropomorphique ou, sous forme morale, l’empereur. Cf. en grec ??????? et ????.