Page:Simon - Gaston Chambrun, 1923.djvu/23

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
21
GASTON CHAMBRUN
 Les corrections sont expliquées en page de discussion

(a) — L’avantage de notre foi.

Est-il vrai que le maintien du français au Canada n’a rien à faire avec la conservation de notre foi ?

Écoutons plutôt ce qu’en pensent ceux qui ne sont pas nos amis. Et d’abord voici ce qu’écrivait Mazères, le procureur général de la Colonie en 1769 :

« — D’un autre côté, il peut être dangereux d’octroyer aux Canadiens, dès les premiers jours de leur soumission, une si grande somme de pouvoir, car il est à présumer que pendant quelques années, ils n’appuieront pas les mesures prises en vue d’introduire graduellement la religion protestante, l’usage de la langue anglaise et l’esprit des lois britanniques. Ajoutons, qu’ignorant presque tous la langue anglaise, toute discussion dans une assemblée, s’y ferait en français, ce qui tendrait à maintenir leurs préjugés, à enraciner leur affection à l’égard de leurs maîtres d’autrefois, de même qu’à retarder pendant longtemps et à rendre impossible peut-être, cette fusion des deux races, ou l’absorption de la race française par la race anglaise au point de vue de langue, des affections de la religion et des lois. »

Et cet esprit des premiers Anglais de la colonie n’est pas mort ; jugeons-en par ces quelques extraits de journaux :

« Si les Canadiens français étaient protestants, il n’y aurait pas de question française. » (The Hamilton Times, Sept. 1912).

« La raison de l’opposition du Canada à la langue française est simplement affaire de religion. La majorité, au Canada, a décidé de vivre dans un pays protestant ». (St. Thomas Times, Nov. 1912).

Qui ignore l’influence du milieu, pour le bien, comme pour le mal. La majorité de langue anglaise de ce pays est protestante ; la grande presse anglaise, les relations commerciales anglaises, se font, le plus souvent, parmi les protestants ; cela constitue pour le catholique de langue anglaise, une ambiance à laquelle il résiste difficilement. Le curé d’une grande paroisse écrivait naguère : « Nous autres, prêtres, nous nous surprenons parfois à penser comme les protestants. Comment voulez-vous que nos fidèles échappent à ce danger ? »

Nous ne prêchons pas l’ignorance systématique de l’anglais, loin de là. Cette langue est nécessaire soit pour les relations sociales, soit pour des fins commerciales ; mais que le français reste l’expression naturelle de tout ce qui touche aux choses plus intimes du cœur et de la pensée et soit l’unique langue de la prime enfance.

Le première conséquence du milieu protestant est l’indifférence religieuse ; quel est le nombre des victimes ? Grave et douloureuse question dont la réponse serait aussi pénible que surprenante.


En dépit de l’incendie, le jeune homme réussit à prendre les précieux papiers.

Un autre résultat de cette même promiscuité protestante, c’est la plaie des mariages mixtes, plaie mortelle pour la foi catholique en ce pays. D’autre part, si l’on songe, que soixante à soixante-dix pour cent des enfants issus de mariages mixtes, sont perdus pour la foi catholique, une conclusion semble s’imposer : c’est que le problème de la conversation du français