Page:Simon - L'écrin disparu, 1927.djvu/104

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
103
L’ÉCRIN DISPARU

charme du coup d’œil, à la fraîcheur de la brise venant du St-Laurent se joignaient le calme de la solitude et le bénéfice d’un air pur. Un yacht superbe, des canots, des chaloupes, des cabines de bain, rien ne fut épargné pour réunir tous les agréments que procure le voisinage d’une immense nappe d’eau.




DEUXIÈME PARTIE


I

AU PARC DES CYPRÈS.


Jusqu’à la mort de sa mère, Jean avait été un enfant insouciant et heureux. Partagé entre ses devoirs d’écolier studieux et de fils docile et affectueux pour ses parents, il n’avait fait autre chose que de se laisser vivre, sans souci du présent, sans inquiétudes pour l’avenir. N’ayant pas encore abordé l’étude de la philosophie il ne songeait point à analyser ses pensées ni à distinguer ses sentiments. Sa vie simple était toute pratique et se bornait à lui faire remplir en les conciliant les devoirs qu’imposent l’amour du jeu et l’amour de l’étude.

Les exercices en plein air avaient ses préférences : il pratiquait le tennis avec une grâce égale à son habileté, se livrait à la bicyclette, montait à cheval, excellait dans la natation. Comme son père, il était un passionné de l’automobile et jeune encore n’aspirait qu’à remplacer le chauffeur au volant de la machine.

Ses traits réguliers et doux, qu’éclairaient les yeux vifs et profonds de sa mère, étaient relevés par sa blonde et abondante chevelure, qui dans les jeux violents flottaient avec une grâce quelque peu léonine.

Deux femmes lui avaient donné le nom de « Fils » ; Lucie, sa mère, dont l’image révérée emplissait encore ses yeux et dont