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Page:Simon - L'écrin disparu, 1927.djvu/109

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L’ÉCRIN DISPARU

en fut cependant détourné par l’avis d’un second médecin-expert qui persista à soutenir que l’enfant ne s’était pas tué en tombant des « chars » mais que la fracture du crâne avait été faite soit par une crosse de revolver, soit d’un coup de garcette, autrement dit d’un poing américain. Cependant l’opinion du Coroner allait prévaloir, quand survint un document qui parut détruire de fond en comble toute son hypothèse.


II

SUSPICIONS.


Tout le personnel de la maison, auquel s’étaient joints les marquis Lucien et Georges de Sombernon, était encore au salon partageant la douleur de la famille, devisant sur la cause possible de la catastrophe, quand Albert Dupras, le professeur de dessin entra fort ému. Il posa sur le bureau de monsieur Giraldi un riche Agenda maculé de boue, qu’il venait disait-il, de trouver à demi enfoui dans la vase du fossé qui sert de déversoir au trop plein de la pièce d’eau du Parc.

Timbré aux initiales de Jean, cet Agenda, accompagné d’une plume-fontaine de prix avaient été les étrennes du père à son fils bien-aimé à l’époque du nouvel an. Le jeune homme avait toujours ces deux objets sur lui ; l’agenda renfermait encore le coupon de retour du voyageur, délivré par le Pacifique.

La disparition de l’Agenda avait été constatée lors de l’inventaire des choses trouvées dans les poches de la victime. On y avait attaché peu d’importance, l’objet ayant pu tomber de la poche, quand le corps avait été projeté sur le remblai.

Dois-je informer le Coroner de cette trouvaille, demanda le Professeur comme hors de lui ?

— Gardez-vous en bien, cher Monsieur, reprit le Maître au paroxysme de la consternation. Votre découverte amène une affreuse révélation. Mon fils a été assassiné. Celui qui pour se défaire de l’Agenda l’a jeté dans le fossé, ne pouvait l’avoir en sa possession que s’il l’avait pris à Jean. Or, quel qu’il soit, cet être habite au Parc des Cyprès, puisqu’il a tenté d’y ensevelir une pièce à conviction compromettante pour lui…

Hélas, me voici maintenant réduit à souhaiter que la justice s’égare, de peur qu’en découvrant le coupable, elle ne m’atteigne dans l’honneur de ma famille… Oui, le fait est indéniable ; il y a eu crime, soit que la victime ait été fouillée avant que d’être