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L’ÉCRIN DISPARU

été retrouvé. Cette enquête insensée n’a eu aucun résultat et le doute continue à planer sur les habitants de cette maison.

Au Parc des Cyprès, en effet, les courages étaient à bout et les âmes accablées ne se sentaient plus la force de supporter ces tortures morales. Le mystère demeurait sans éclaircissement ; la Police, sur les dents, était piquée par les commentaires plus ou moins bienveillants des journalistes toujours en quête d’événements sensationnels pour alimenter la curiosité morbide d’un certain public impatient.

Non moins désireux de percer enfin le mystère, que d’accroître le chiffre de son tirage, un grand quotidien de Montréal, pour fournir en primeur des renseignements circonstanciés, à sa clientèle croissante, fit appel à la sagacité de son plus délié reporter, Intelligent observateur, le jeune homme, ayant un extérieur avantageux, flatté de la confiance qu’on lui témoignait, mit tout en œuvre pour la justifier. Le souci de sa renommée, non moins que les émoluments respectables qui seraient la récompense du succès, l’incitait à mener à bien l’issue de cette affaire qui passionnait l’opinion.


III

L’ENQUÊTE.


Habile au maniement des deux langues, élégamment vêtu en touriste américain, Léon Parizot s’identifia avec son rôle d’observateur discret, de gentilhomme courtois, faisant preuve, selon l’occurrence d’érudition savante ou de bonhomie familière. Les divers renseignements qu’il a consignés dans son portefeuille, lui permettent d’aller d’une façon plus sûre aux vraies sources d’informations.

Au tournant de la barrière blanche qui ouvre sur le chemin longeant le Saint-Laurent, l’automobile de monsieur Parizot pénètre dans une avenue ombragée d’ormes gigantesques et d’érables touffus. Le bruit d’un moteur ronflant devant la maison, attire l’attention de ses habitants et aux fenêtres apparaissent simultanément, dans une toilette sévère, une grande dame à la chevelure grise, au maintien noble et affable, et ses deux fils costumés en joueurs de tennis.

— Est-ce bien la Marquise de Sombernon que j’ai l’honneur de saluer, questionna le voyageur debout au côté de sa machine ?