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L’ÉCRIN DISPARU

— Vous Êtes bien aimable, Monsieur le Vicomte, d’avoir répondu à notre invitation, reprit la Marquise de Sombernon, mais vous n’avez pas amené ces dames avec vous ?

— Madeleine était un peu souffrante, ce matin ; quant à Madame Giraldi elle tâche en vain de consoler son mari, du malheur que vous savez. Il est aussi abattu et désespéré que le premier jour.

Ce qui le fatigue surtout, reprit le Vicomte, c’est la longueur de cette vaine enquête, ou plutôt, la quasi-impossibilité de découvrir le coupable.

— Mais, ajouta aussitôt la Marquise, comment peut-on croire à un assassinat !… quand le corps de Jean a été retrouvé au bord de la voie ferrée, que rien ne lui a été volé, ni son argent, ni sa montre, ni la pierre précieuse de son épingle à cravate !…

L’idée d’une vengeance, me paraît tout aussi invraisemblable. Qui aurait voulu faire du mal à un enfant de cet âge qui, paraît-il, était affectueux et d’un caractère charmant ?

L’heure du dîner arrivée, la Marquise de Sombernon, invita ses hôtes à se joindre à la famille pour le repas, dont elle les pria d’excuser la frugalité.

— Nous sommes à la campagne, reprit-elle et si nous portons encore notre nom des jours heureux, nous n’avons plus aujourd’hui, hélas, le moyen de lui faire tenir son rang. Mais c’est là un accident, non un malheur, dont nous avons même appris à bénir la Providence. Dans nos revers, il ne nous est resté pour consolation humaine, que la parole du bon roi François 1er : « Tout est perdu, fors l’honneur ».

Après avoir visité le jardin et ses dépendances, fait un tour sur la belle grève du Saint-Laurent, le Vicomte prit congé de ses amis, promettant pour la prochaine visite d’amener ces dames, dont l’absence avait été vivement ressentie ce jour-là.

Puis, étant monté dans la voiture dont le chauffeur tenait la portière, par la glace abaissée, il répéta :

— Il est bien entendu que Dimanche, vous serez tous des nôtres au Parc des Cyprès. Vous ne ferez pas exception, j’espère Monsieur Parizot, en s’adressant au reporter, qui souriant, charmé de l’invitation, se confondait en remerciements.

L’automobile du Vicomte d’Aisy disparut cachée par le bosquet de lilas qui embaumait l’atmosphère de ses parfums.

— As-tu observé, demanda Lucien à son frère, après le départ du reporter, l’insistance avec laquelle celui-ci a observé le chauffeur, comme il s’est informé de sa nationalité ?