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L’ÉCRIN DISPARU

Mais moi, je vais vous donner une preuve de la confiance que j’ai en vous, en vous disant tout ce que je sais du drame et quelle est mon opinion au sujet du coupable.

Quand il eut terminé, Parizot se tut, attendant l’impression de Dupras.

Le jeune homme rêva une minute, puis secoua mélancoliquement la tête :

— Si vous réussissez à connaître celui qui s’attache ainsi à élucider le mystère, conseillez-lui de renoncer à son enquête, car, je vous le jure, Monsieur, il ne pourrait qu’attirer de nouveaux malheurs au Parc des Cyprès…

Qu’il se tienne en repos et me laisse agir, moi, dont l’existence n’est utile à personne.

Parizot lui posa la main sur l’épaule :

— Mais, mon pauvre ami, ne venez-vous d’avouer vous-même que vous n’êtes pas coupable ?… Pourquoi ne pas aller jusqu’au bout de vos aveux ? Me croyez-vous incapable de garder votre secret ?… Je vous en donne ma parole d’honneur, que rien de vos confidences ne sera divulgué, qu’auparavant, vous ne m’y ayez autorisé.

Quelques secondes encore l’hésitation persista. Mais Dupras, dont la volonté n’avait jamais été bien tenace, fléchissait visiblement :

— Je n’ai pas tué, dit-il enfin, et pourtant, je suis coupable. C’est moi, qui en remettant à Monsieur Giraldi l’Agenda de son fils, lui ai fourni le document terrible, la pièce à conviction établissant le crime. Jusqu’alors, la famille, aussi bien que la justice, admettait une mort accidentelle ; que d’angoisses évitées, si cette version eût prévalu !

— Pourtant, vous ne pouvez vous reprocher d’avoir rendu compte à monsieur Giraldi d’un fait aussi grave. Il avait le droit de connaître la vérité, comme vous, le devoir de la dire…

A. Dupras fixa son interlocuteur de ses grands yeux enfiévrés :

— Je n’ai pas dit la vérité !…

— Comment ?… vous n’avez pas découvert l’Agenda à demi enfoui dans un fossé du Parc, près de la pièce d’eau ?…

Dupras fit un signe de tête négatif : puis, parlant bas, comme s’il eût craint que de la Longue-Pointe sa voix ne fût entendue au Parc des Cyprès :

— C’est dans l’automobile de Harry, que j’ai trouvé l’Agenda de Jean… Parizot demeura stupéfait !… tout à coup, le drame lui apparaissait sous un jour nouveau…