Page:Simon - L'écrin disparu, 1927.djvu/145

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
144
L’ÉCRIN DISPARU

l’autorisation de l’Agent de police préposé, ne put y entrer ou en sortir. Deux religieuses de l’Hôtel-Dieu furent commises à la garde de la blessée, à l’exclusion des proches et des serviteurs jugés également suspects.

Cependant, à force d’insistances, Madame Walfish de Pointe à Fortune et les deux marquis de Sombernon, avec leur mère, obtinrent leurs entrées libres dans cette maison, qui après les avoir si souvent accueillis aux jours de gaieté, venait d’être à nouveau plongée dans le deuil. L’accablement de Lédia, en présence de ce nouveau crime, rendit impossible son interrogatoire et le Coroner dut se contenter de la déposition de Parizot ; déposition d’ailleurs assez peu explicite, ce dernier ayant vu tomber Madeleine, sans pouvoir préciser d’où était parti le coup.

Depuis ce second attentat, Parizot ne quittait plus le Parc des Cyprès ; entraîné par les événements dont il avait cru rester seulement spectateur, un lien indéfinissable l’attachait maintenant aux êtres qui se débattaient sous ses yeux.

Parmi eux, qui était le coupable ?… Harry ?… mais sous quelle impulsion aurait-il agi ? Malgré tout, il ne pouvait croire à la complicité de Lédia ; il n’avait pas même ajouté foi aux aveux de la malheureuse, quand devant lui, elle s’était avouée coupable du meurtre de Jean. Il lui semblait que quelque chose en elle criait son innocence, même quand ses paroles la condamnaient.

Deux jours après l’attentat, l’extraction de la balle fut opérée et laissa la malade dans une telle faiblesse, que Parizot voulut demeurer là pour aller d’heure en heure donner des nouvelles à la famille consternée, qui s’exaspérait d’être tenue loin de la nouvelle victime. Au petit jour seulement, le bénévole agent d’information, fit savoir que le mieux s’accentuant, la malade venait de s’endormir d’un sommeil paisible.

Pour tromper l’ennui de sa cruelle attente. Monsieur Giraldi, dont la chevelure était devenue grisonnante sous les coups répétés du malheur, accompagné du Vicomte, pénétra dans la chambre qu’habitait naguère sa fille. Y reviendrait-elle jamais, du moins en parfaite santé ?… Sur la riche tapisserie des murs, étaient le crucifix, à la place d’honneur au-dessus de la cheminée, des images pieuses, le portrait de sa défunte mère Lucie, et même celui de Lédia faisant pendant à l’image du père bien-aimé.

Dans un cadre doré, le portrait de Jean, l’innocente victime, faisant face à celui du Vicomte, occupaient l’un et l’autre une place bien en vue. La corbeille à ouvrage, où une aiguille enfilée