Page:Simon - L'écrin disparu, 1927.djvu/163

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sable des allées et défier l’infatigable activité du vieux jardinier le Père Laurendeau… Un jour, qu’armé d’un immense balai, il faisait la toilette des sentiers du Parc, il fut croisé par monsieur Giraldi :

— Eh bien ! Père Laurendeau, les feuilles sèches vous donnent de la misère !…

— Oui, Monsieur, mais elles ont leurs bons côtés. J’en fais des provisions et grâces à elles, les racines de mes arbustes et les couches du jardin vont se moquer du froid et de la neige cet hiver.

— Mon ami, vous avez la bonne manière d’envisager les choses : vous savez d’un obstacle vous faire un moyen, d’un ennemi, un ami !… J’admire votre philosophie, et je regrette de ne l’avoir pas toujours pratiquée… peut-être que j’aurais moins de cheveux gris !…

Docile aux désirs de son père, Madeleine avait convoqué pour le dimanche 15 septembre, tous les parents et amis, en vue de clôturer par une fête intime de famille, la saison sur son déclin, avant de quitter le Parc des Cyprès.

Ce n’était plus à cette époque, la joyeuse exubérance de Juin, qui rayonnait sur les visages ; l’aile sinistre du malheur avait frôlé cette résidence, et depuis, la joie expansive semblait être descendue avec Jean dans la tombe.

Le jour venu, en parfait Gentilhomme, monsieur Giraldi sut faire les honneurs de sa Maison et montrer à ses hôtes un visage aimable à défaut d’un cœur joyeux… La table, royalement servie, ne laissait soupçonner à personne, que quelques jours auparavant, le Maître avait perdu près de la moitié de sa fortune. Les deux marquis de Sombernon et leur mère, le Vicomte d’Aisy et Parizot qui se retrouvaient pour la première fois ensemble, depuis leur rencontre à Vaudreuil, furent les tenants principaux de la note joyeuse.

Madeleine, en l’absence de Lédia, avec un tact parfait sut remplir son rôle de Maîtresse de Maison, pourvoyant à tout, ayant pour chacun des invités les attentions en rapport avec son rang et son degré d’intimité avec la famille. Dupras, que la mère Léonard avait été invitée à accompagner, ne tarissait pas d’éloges à l’adresse de celle qu’il appelait sa seconde mère et dont les soins maternels lui avaient rendu la santé.

L’ancien Professeur de Jean, devenu plus expansif, en raison même de l’absence de Madame Giraldi, ne put s’empêcher, en évoquant les scènes du passé, de citer un nom qui était dans