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L’ÉCRIN DISPARU

XX

LE FIN MOT.


Le jeune homme ne répond pas. Il reste là, effondré, anéanti. Il se rend compte, il est convaincu à présent. Ainsi, il a suffi d’un rien, du plus minime des incidents, d’une petite boîte déplacée de quelques pouces, de l’endroit où elle aurait dû être remise, pour tuer son père, et pour briser lui-même son avenir.

Et c’est lui, en effet, qui est la cause de tout ; il est l’involontaire, ou plutôt l’indirect coupable.

Et tout à coup, il se lève, transporté comme par une pensée soudaine.

— Mais alors, l’écrin est toujours dans la table-bureau ?…

Le détective le regarde avec calme, en hochant le tête.

— Je n’ai pas tout dit. Veuillez vous rasseoir, Monsieur et cher Client. Je n’ai pas terminé mon récit, ni tiré mes conclusions. Vous savez qu’il y a beau temps quelle a été vendue cette table-bureau avec tout le mobilier de votre père !…

Hippolyte s’assoit docilement. Il est consterné, se demandant où cet homme va le conduire.

— Car, continua monsieur Charles Précy, tout ce que je viens de vous exposer, en somme ne constitue qu’une hypothèse, vraisemblable et séduisante, mais hypothèse quand même.

Cependant, avec quelle certitude cinglante, ne deviendrait-elle pas pour vous une réalité, s’il vous était donné de connaître le reste !… Permettez-moi, ici, une digression qui m’a plus d’une fois intrigué.

Quand vous vîntes me trouver, il y a trois mois, à ma résidence, vous ne m’avez pas donné un renseignement qui pourrait m’ouvrir des horizons nouveaux. Mais, à présent, et avant de continuer, y aurait-il indiscrétion à vous demander pourquoi vous avez différé neuf ans, avant de commencer cette enquête, dont je tiens pour ainsi dire la clé ?

— Tout simplement, répondit le jeune homme aussitôt, parce que je n’avais pas d’argent, et que sans cet auxiliaire indispensable, on ne peut rien faire.

Ce n’est qu’après avoir appris mon métier de mécanicien dans un grand garage, à Chicago, et avoir obtenu le 1er Prix des Courses d’auto à Key-West en Floride, et gagné le championnat de la course « DAVIS & COY » que je pus reprendre mon idée, avec chance de succès.