Page:Simon - L'écrin disparu, 1927.djvu/72

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
71
L’ÉCRIN DISPARU

Monsieur Charles Précy hochait la tête d’un air satisfait.

— Parfait… le motif est plausible. D’autre part, avez-vous obéi à des desseins secrets, quand il y a six mois, vous revîntes dans votre ville natale, comme Secrétaire de monsieur Giraldi ?

Et sans hésitation, le jeune homme de répondre : Pour aucun motif nettement déterminé. Il n’y a eu, en somme, qu’une occasion que j’ai saisie, un pur effet du hasard. J’avais, comme je vous l’ai dit, abandonné tout espoir de percer ce mystère que vous savez. D’autre part, vu l’intervalle de neuf ans, et les changements physiques qui en sont la conséquence, je pouvais compter ne pas être reconnu par mes compatriotes, grâce spécialement à un léger accent que j’ai contracté dans des milieux anglais, et qui a toujours donné le change sur le lieu de mon origine.

Et quand monsieur Holden de Chicago me proposa avec un salaire avantageux de remplir à Montréal les fonctions de Secrétaire de monsieur Giraldi, j’acceptai sans craintes, comme sans hésitations. — D’ailleurs, n’y a-t-il pas toujours cette attraction mystérieuse, qui invinciblement nous attire vers les lieux témoins de notre enfance, et en rend si dur l’éloignement forcé !…

De plus, n’avais-je pas des chances, étant sur place, de pouvoir saisir quelques indices susceptibles de me conduire au chemin de la vérité que je voulais savoir ?…

En plus des conditions pécuniaires extrêmement avantageuses que m’offrait la collaboration aux travaux de l’illustre Giraldi, dont j’admirais la renommée et ambitionnais de mériter l’estime, je travaillerais dans une ligne qui répondait à mes goûts, comme à mes aptitudes professionnelles. C’était pour moi, une situation inespérée et avantageuse à tous les points de vue…

Vous savez ensuite, comment mon esprit, las de forger des hypothèses et de se consumer en vaines suppositions, eut l’idée d’avoir recours à vos lumières et de vous donner tous les renseignements capables d’éclairer votre marche, dans ce dédale ténébreux où j’errais depuis si longtemps.

— Renseignements qui étaient plutôt minces, avouez-le, reprit le détective. La preuve, c’est que voilà six mois que vous êtes ici, et vous n’avez rien vu, rien pressenti, rien deviné ?…

Et sous le regard étonné du jeune homme, Monsieur Charles Précy, nerveux, se mit à marcher précipitamment, allant et venant dans la chambre.