Page:Simon - La Peine de mort, 1869.djvu/26

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Vannes, pour y prendre le contingent de notre cour d’assises ; et alors l’abbé Moisan ne manquait jamais d’accompagner ses prisonniers, en les embrassant, en leur tenant les mains, en les pansant quand ils étaient écorchés par le carcan de fer, ou quand la blessure de la marque était mal guérie. Il allait ainsi à pied jusqu’à Auray, avec tous ces hommes exaspérés par la fatigue et par la honte, écoutant sans sourciller leurs injures et leurs blasphèmes. Il mangeait à la même pension que moi, avec l’abbé Le Ber, un prêtre janséniste et républicain, que mon ami le docteur Guépin a bien connu, et trois ou quatre écoliers, dont un, par parenthèse, est devenu sénateur. Il ne venait pas les jours d’exécution ; il ne songeait pas à dîner ces jours-là, mais on le voyait arriver