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CHAPITRE V

LA DIGNITÉ HUMAINE


Au début de son œuvre capitale, Montesquieu, auquel nous avons déjà emprunté l’épigraphe de ce livre, distingue soigneusement dans les différentes lois des peuples, celles qui ont trait à la morale générale de celles qui sont purement civiles et politiques. Il veut dire qu’un moraliste qui envisage l’homme dans ce qu’il a d’absolu et abstraction faite de sa position spéciale au sein d’une société donnée, proclamera des préceptes et des règles différents de ceux que donnera un législateur lequel, avant tout, est obligé de tenir compte des conditions où se trouve placée la société particulière dont il s’est chargé de faire l’éducation et le bonheur.

Cette différence entre le moraliste et le législateur est tellement importante, que c’est pour l’avoir méconnue, que des esprits impartiaux et d’ailleurs très bienveillants, sont tombés dans de graves erreurs au sujet de la Bible. Voyez, se disaient-ils, c’est ce livre qu’on nous propose comme le code par excellence, c’est dans ce livre, affirme-t-on, que la dignité humaine se trouve proclamée dans ce qu’elle a de plus noble et de plus relevé, et l’esclavage y est inscrit comme un droit de l’homme sur l’homme ! L’aliénation de la liberté s’y trouve autorisée, permise, consacrée par une série de lois positives qui placent