Page:Simon Levy - Moïse, Jésus et Mahomet, Maisonneuve, 1887.djvu/108

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d’autres attestations : « N’avons-nous pas, s’écrie le prophète Maleachi, n’avons-nous pas un même père ? Un seul et même Dieu ne nous a-t-il pas créés[1] ? » « Une origine unique, dit ailleurs le Talmud, a été assignée à l’Humanité, et cela pour deux motifs : d’abord pour que le méchant ne puisse pas dire : je suis fils de méchant, et le juste, je suis fils de juste ; ensuite pour maintenir la paix dans le monde et afin que l’un ne réponde pas à l’autre : Mon père est d’une extraction plus noble que le tien[2]. » Enfin que serait-ce si nous prêtions l’oreille au dernier écho parti d’une de ces académies religieuses jadis si répandues sur la terre de Palestine et dans le pays de Babylone, pour écouter un docteur prêchant à ses disciples : « Oui, j’en atteste le ciel et la terre, il n’existe aucune distinction l’origine entre un Israélite et un non-Israélite, entre un homme et une femme, entre un esclave et un homme libre ; l’esprit de Dieu vient reposer sur chacun quand il sait s’en rendre digne[3].

Et en même temps que la doctrine juive a eu une si claire idée de l’égalité humaine, elle a aussi saisi le caractère de dignité dont Dieu a daigné revêtir spécialement notre nature. Nous n’en voudrions d’autres preuves que le gracieux langage qu’emploient les docteurs du Talmud quand ils parlent figurément du premier homme au moment de la création. Ici, par exemple, ils nous montrent Dieu le prenant par la main et le conduisant, au sixième jour, dans le monde déjà animé et peuplé de toutes sortes d’êtres, de plantes, de fleurs et de fruits, de même qu’un hôte aimable introduit son invité dans une salle de festin où il lui a préparé un magnifique repas[4]. Là, allégorisant le verset des Psaumes « Qu’est-ce que le mortel pour que tu te souviennes

  1. Maleachi, chap. V. v. 10.
  2. Traité Sanhedrin, p. 38.
  3. Tana debé Eliahou, voir plus haut. p. 62, Note.
  4. Talmud, Traité Sanhedrin, p. 39.