Page:Simon Levy - Moïse, Jésus et Mahomet, Maisonneuve, 1887.djvu/110

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Mais pourquoi nous en tenir à des preuves purement indirectes, lorsque les cinq livres de Moïse abondent en témoignages de la haute opinion que, de tout temps, l’on s’est efforcé d’inculquer aux Hébreux relativement à la place qu’occupe l’espèce humaine dans l’œuvre de la création ? Et d’abord, qu’on veuille parcourir les premiers chapitres de la Genèse. Que nous y apprend-on ? Qu’au sixième jour Dieu ordonna à la terre de produire des êtres animés qui pussent fouler son sol de leurs pieds. Jusqu’alors, aucune créature n’était encore venue se poser sur sa surface. Il existait bien des oiseaux et des poissons, mais les uns étaient les habitants de l’air, les autres ceux des eaux. La terre elle-même n’était pas réellement peuplée. Et voici que des animaux sauvages et des animaux domestiques passent à l’existence, ainsi que les reptiles qui rampent dans la poussière.

De toutes ces créatures, Dieu, si nous pouvons nous exprimer de la sorte, ne s’était pas mêlé directement. C’est comme de loin et par un commandement de sa parole, qu’il les a fait sortir du néant.

Mais quand il s’agit de créer l’homme, tout change. Dieu ne parle plus impérativement. Il ne dit plus : « Que cela soit, que la terre produise » ; il semble qu’il veuille adoucir sa voix pour appeler à l’existence l’être destiné à recevoir son image, et en qui il déposera une partie de ses perfections. « Faisons l’homme[1], dit-il, faisons-le de nos propres mains, appliquons notre doigt à son corps, façonnons-le avec une grâce toute spéciale, répandons sur lui un charme encore inconnu, revêtons-le tout entier d’une beauté digne de la mission particulière qu’il aura à remplir. » Rien que cette attention de la part du Créateur de n’avoir voulu commettre à aucun élément le soin de produire

  1. Genèse, chap. 1, v. 26.