d’une puissance illimitée, d’une pensée et d’une volonté infinies qu’elle a jugé convenable, sage d’enfermer dans de certaines bornes, ce que cependant nul homme ne s’est encore imaginé. Secondement, que pour exercer sa souveraineté dans sa sphère à elle, elle a constamment besoin d’être en rapport, en communication directe avec le souverain organisateur des choses et des personnes ; c’est de lui qu’elle s’inspire, c’est à la lumière de cette raison universelle qu’elle s’éclaire, car, encore une fois, elle n’est pas cette raison ni même une portion de cette raison ; elle n’en est que le reflet, je me garderais bien de dire le rayonnement. Et voilà pourquoi le Pentateuque se sert du not kidmouthénou « tourné à notre ressemblance, bezalménou « fait à notre image », quand il parle de l’âme humaine créée par Dieu. Elle est créée, donc elle n’est pas comme le Créateur ; elle est faite à l’image, donc elle n’est pas cette image même ; elle ressemble à Dieu, donc elle n’est pas une partie, une parcelle de Dieu. Et justement, en n’étant que cela, elle a plus de grandeur et de dignité ; n’étant plus une partie, elle est en chacun de nous un tout complet ; elle nous appartient en propre au lieu de s’ajouter, en dehors de nous, à la somme des âmes formant ensemble l’âme du monde. Loin d’être une extension, fût-ce même la sublime extension du Dieu vivant, elle est une personne, se possédant elle-même, libre dans ses pensées, dans ses volontés, dans ses aspirations. De cette façon, elle est vraiment l’image du Créateur, esprit comme lui, comme lui personnelle et maîtresse de ses actions, quoique n’ayant pas les perfections qu’il possède.
En présence de ces traits caractéristiques de la dignité humaine, tels que le livre de la Genèse a aimé à nous la présenter, qui aurait osé croire qu’on en viendrait un jour à reprocher an Pentateuque de n’avoir pas su se rendre compte