Page:Simon Levy - Moïse, Jésus et Mahomet, Maisonneuve, 1887.djvu/114

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de l’égalité morale que la femme partage avec l’homme par le fait même de son origine, formée qu’elle est par la même main que lui, animée du même souffle divin, possédant une âme semblable, une âme capable de penser, de réfléchir, de vouloir personnellement ? Pour en arriver à ce reproche singulier, il a fallu nécessairement qu’on fermât les yeux à l’évidence, et non seulement que l’on introduisît dans le récit que le Pentateuque nous fait du berceau primitif du genre humain une distinction qui ne s’y trouve nulle part, mais qu’on ne voulût pas lire ce qui y est écrit. Qu’on veuille bien continuer le texte : « Et Dieu créa l’homme à son image, à l’image de Dieu l’homme fut créé. Ainsi Dieu fit l’homme, ainsi il fit de la femme. Ensemble il les bénit et leur dit : Croissez et multipliez-vous, peuplez la terre et dominez-la. Dominez les poissons de la » mer, les oiseaux du ciel, la terre et tous les êtres vivants qui s’agitent sur sa surface[1]. » N’est-ce pas comme si le Créateur avait dit : les mêmes avantages que je viens d’accorder à l’homme, je les accorde à la femme ; je leur donne une égale supériorité sur les êtres qui vivent à côté d’eux ; ils tiennent de moi les mêmes privilèges et je les ai revêtus d’une semblable dignité ?

Ce n’est pas ici le lieu de montrer comment, tout en ayant reçu des aptitudes différentes et souvent en opposition entre elles, l’homme et la femme forment cependant un seul tout, possédant l’un ce qui manque à l’autre, apportant en commun, quand ils s’unissent par les liens du mariage, des qualités qui se pondèrent et se complètent mutuellement. Ces recherches et ces observations trouveraient plutôt leur place dans un traité spécial où l’on s’occuperait d’étudier l’harmonie que Dieu a

  1. Genèse, chap. 1, v. 28.