Page:Simon Levy - Moïse, Jésus et Mahomet, Maisonneuve, 1887.djvu/120

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faut-il, comme l’enseigne expressément Rabbi Jochanan[1], que le motif du divorce soit alors un acte quelconque de déshonneur manifeste dont la femme se sera rendue coupable, ainsi qu’il est écrit : « Si un homme trouve à sa femme une chose honteuse et qu’il lui donne une lettre de divorce, etc.[2]. » Il nous paraît sage et prudent, nous ne saurions assez le répéter, de rendre au mari et à la femme leur liberté réciproque pour empêcher que, sortant illégalement de l’état de mariage, l’un ou l’autre n’en souille la sainte liaison par des écarts de conduite, dont la source première se trouve toujours dans des incompatibilités pouvant résulter ou de caractères à jamais inconciliables, ou de défauts et de vices de corps qui empêchent moralement et physiquement la vie en commun. Les apôtres eux-mêmes ont bien compris cela quand, dans leur simple bon sens et avec la connaissance parfaite qu’ils avaient de l’existence, ils ont répondu à Jésus : « Mais si telle est la condition de l’homme et de la femme », c’est-à-dire, si le seul cas de divorce possible est, selon toi, le crime d’adultère déjà perpétré, et dont d’innocents enfants qui peuvent exister, porteront inévitablement le poids par suite de cette fatale réversibilité qui fait si souvent retomber sur les enfants les fautes des parents, dans ce cas « il ne convient pas de se marier[3]. » Et Jésus n’osant pas encore ouvertement dire ce que Paul[4] proclamera catégoriquement plus tard, leur répond : « Tous ne sont pas capables de cela, mais ceux-là seulement à qui il a été donné…… il y en a qui se font eunuques eux-mêmes pour le royaume des cieux. Que celui qui peut comprendre ceci le comprenne[5]. »

  1. Talmud, traité Guittin, loc. cit.
  2. Deut., ch. 2. v. 1.
  3. Math., chap. XIX, v. 10.
  4. Épitre aux Corinthiens, chap. VII, v. 32 et suivants.
  5. Math., chap. XIX, v. 11 et 12.