Page:Simon Levy - Moïse, Jésus et Mahomet, Maisonneuve, 1887.djvu/119

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au peuple juif : arrosez de vos pleurs et de vos larmes l’autel du Seigneur. Dieu ne veut plus se tourner vers vos offrandes ni agréer vos holocaustes. Vous en cherchez le motif ? C’est parce qu’il a été témoin entre toi et ta femme de ta jeunesse à laquelle tu as été infidèle, et cependant elle est ta compagne, la femme de ton alliance. Pas un de vous, qui agit ainsi, ne possède un reste de bon sentiment ; pas un ne connaît le caractère divin et sacré de la famille. Autrefois, vous seriez resté fidèle à l’amie de vos jeunes années, car l’Éternel, Dieu » d’Israël, hait le divorce[1]. » Et le Talmud, traduisant presque littéralement ces belles paroles, ajoute : « L’autel du Seigneur dans le temple verse des larmes sur celui qui a le malheur de divorcer avec sa femme[2]. »

Qu’est-ce que Jésus a dit de plus et de mieux répondant aux Pharisiens qui le questionnèrent à ce sujet : « N’avez-vous pas lu que celui qui créa l’homme, au commencement du monde, fit un homme et une femme ; et qu’il est dit : C’est à cause de cela que l’homme quittera son père et sa mère, et qu’il s’attachera à sa femme ; et les deux ne seront qu’une seule chair[3] ? Ainsi ils ne sont plus deux, mais ils sont une seule chair. Que l’homme ne sépare donc point ce que Dieu uni[4]. »

Et pourtant, nous dira-t-on, malgré ce texte de la Genèse qui paraît si sainement interprété, vous permettez le divorce, vous le réclamez même dans des cas donnés ! Et Jésus, répondrons-nous, ne l’autorise-t-il pas lui aussi pour cause d’adultère[5] ? Il est vrai que le Judaïsme, en vue précisément de préserver le mari ou la femme de tomber dans le crime d’adultère, permet la répudiation avant que l’adultère n’ait été commis. Mais encore

  1. Maleachi, chap. II, v. 31 et suivants. Comparez : chap. V, v. 18 et suivants.
  2. Talmud, traité Guittin, page 90.
  3. Genèse, chap. II, v. 24.
  4. Math., chap. XIX, v. 4 et suivants.
  5. Math., chap. V, v. 32.