Page:Simon Levy - Moïse, Jésus et Mahomet, Maisonneuve, 1887.djvu/123

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religion qui fait consister toute la vertu de la femme dans l’obéissance et la soumission, et qui a osé dire aux maris : Vous réprimanderez celles dont vous aurez à craindre la désobéissance, vous les reléguerez à part et vous les battrez[1]. » Et le Christianisme les a-t-il plutôt, ces idées ? Sa doctrine primitive du moins n’en porte aucune trace. A part quelques belles paroles de Jésus sur le devoir de l’union et de la fidélité conjugales, on n’y trouve rien de particulier sur l’aptitude morale et intellectuelle de la femme. Et si l’Église, s’inspirant en cela de la Bible et des traditions juives, a, au demeurant, travaillé à l’émancipation de la femme, elle l’a fait contrairement à l’opinion de saint Paul qui, déclarant le célibat le meilleur et le plus parfait de tous les états, a considéré la femme en sa qualité d’épouse comme créée moins pour le bonheur que pour le malheur de l’homme[2]. Le fougueux apôtre n’a pas craint d’affirmer qu’il fallait la subir et non l’accepter à titre de bienfait de Dieu, se mettant ainsi en opposition évidente avec la Bible et la nature qui s’accordent à nous la présenter sous l’image « d’une aide, d’une vraie compagne[3] ».

Que l’on ne croie cependant pas que nous méconnaissions la grandeur et le mérite vraiment admirables des femmes que l’Église vénère. Non assurément. Mais quelle distance entre elles et les femmes célèbres de la Bible ! C’est en dehors de la société et dans une sphère qui n’est plus celle de l’humanité que les premières se sont tenues pour s’immortaliser. C’est en renonçant aux plus tendres affections de la famille, souvent en les brisant impitoyablement, qu’elles sont arrivées à se placer si haut. Elles ont pu faire la gloire de la religion, être un témoignage de la sanctification qu’une piété ardente donne à l’âme humaine, mais

  1. Coran, ch. IV.
  2. Épitre aux Corinthiens, v. 32 et suivants.
  3. Genèse, chap. V.