elles n’ont jamais été et ne seront jamais ni la couronne ni les promotrices de la civilisation. Le mysticisme peut se trouver fier de les compter au nombre de ses disciples, mais le progrès social n’a rien recueilli de l’héritage qu’elles ont laissé sur la terre en la quittant. L’exemple même de leurs belles vertus ne saurait être universellement recommandé, parce qu’en se généralisant, il risquerait de tarir les sources mêmes de la vie.
Combien au contraire est plus recommandable l’exemple présenté par les femmes célèbres de la Bible ! Ainsi Déborah n’est-elle pas l’héroïne accomplie qui se dévoue tout à la fois à la cause de la patrie et à celle de la religion ? En parcourant la Palestine d’un bout à l’autre pour présider ici l’exercice de la justice, pour appeler là Israël sous les armes, pour réveiller partout le sentiment de la piété endormie dans les cœurs, faisant comprendre aux uns qu’il est temps de s’arracher aux discordes intestines pour s’unir contre l’ennemi commun, persuadant aux autres que le Dieu de Jacob va se lever comme autrefois en sortant de Séir et en s’avançant des champs d’Edom[1] », n’a-t-elle pas montré qu’il faut savoir joindre l’action à la prière, le courage civique à la vertu théologale, si l’on veut, quoique femme, se distinguer et conquérir une place dans l’histoire ? Il est beau de chanter des louanges au Seigneur, et qui les a jamais plus magnifiquement chantées que Déborah, mais il est encore plus beau de les chanter au retour d’une victoire qui a rendu l’indépendance à la patrie opprimée…
Est-ce que de même la prophétesse Hulda[2] n’a mis au service de son pays toutes les ressources de son esprit cultivé pour faire renaître la foi en Dieu, que les progrès sans cesse croissants de l’idolâtrie menaçaient alors d’éteindre en Israël ?