Page:Simon Levy - Moïse, Jésus et Mahomet, Maisonneuve, 1887.djvu/136

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ne feraient pas cela, qu’elles se condamneraient elles-mêmes, qu’elles se suicideraient. Être intolérant c’est toute autre chose c’est dénier sa part de salut éternel à quiconque ne se nourrit pas de nos convictions religieuses ; c’est hair et considérer comme ennemi, quiconque ne vient pas se ranger sous la bannière de notre foi ; c’est regarder d’un œil de dédain et ne pas estimer à notre valeur propre, quiconque est séparé de nous par la croyance intime du cœur.

Rien qu’à cette définition de l’intolérance, on pressent déjà que le Judaïsme s’inscrira en faux contre elle. Comment autoriserait-il ou tant de mépris ou tant de dédain, lui qui prise si haut la dignité de l’homme ? Est-ce que la différence de croyance peut donc influer en quelque chose sur le respect que l’on doit à l’image de Dieu partout où on la rencontre sur la terre ? Ah ! si les uns se trouvaient, dès leur naissance, déchus de leur dignité, si, au sortir du sein de leur mère, une main créatrice leur avait enlevé leur noblesse native en les marquant du sceau de la réprobation, nous comprendrions qu’ils ne pussent revendiquer des droits égaux à ceux des non-réprouvés ! Mais ce système de la réprobation est précisément celui que le Judaïsme repousse de toutes ses forces, en niant formellement le péché originel. Si Adam et Ève, par leur désobéissance, ont amené un malheur dans le monde, ç’a été celui de la mort. Avant leur péché, une autre fin que celle qui l’attend aujourd’hui était réservée à l’homme. Eût-il vécu éternellement, ou eût-il seulement vécu plus longtemps ? La Bible est muette à cet égard, et il ne nous est pas permis d’interpréter son silence. Nous le serait-il plutôt de dire qu’à partir de ce moment l’homme est devenu moins noble, moins estimable aux yeux de Dieu, qui n’a plus voulu se mettre en rapport avec lui que par l’intermédiaire d’un rédempteur ? Le Judaïsme ne le pense