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Page:Simon Levy - Moïse, Jésus et Mahomet, Maisonneuve, 1887.djvu/137

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pas, par la simple raison qu’il ne voit aucun texte qui appuie cette doctrine. Avant comme après le péché, l’homme est resté le fils de Dieu[1] ; la mort en plus, une mort, une mort certaine, inévitable, c’est tout ce qu’il y a de changé pour lui ; mais sa liberté, il la possède comme auparavant ; mais sa raison lui est restée pour puiser la lumière à la source de toute lumière : l’intelligence divine ; mais sa conscience lui est demeurée avec cette heureuse lucidité, laquelle, s’il ne la trouble pas volontairement, lui fait voir, sous leur vrai jour, la vie et la vertu, .le juste et l’injuste. Pas plus qu’auparavant, l’homme ne porte au-dedans dé lui la source du mal. Le mal se trouve dans le monde extérieur, ou, comme dit l’Écriture[2], en dehors de la maison du cœur, devant sa porte. C’est là qu’il dresse ses pièges, qu’il tend ses filets ; c’est de là qu’il lance ses traits perfides ; mais l’homme peut, en toute occasion, déjouer les uns, éviter les autres et échapper aux derniers ; il peut résister ´au mal, le vaincre, le subjuguer, parce que son âme en naissant n’est entachée d’aucune souillure.

Liberté personnelle, indépendance de résolution et de conduite, supériorité évidente sur le reste de la création, perfection naturelle quoique relative des facultés de l’âme, toutes choses que nous avons constatées comme appartenant au premier homme à l’heure de sa venue dans le monde, l’homme après le péché, selon la doctrine du Judaïsme, n’en fut en rien privé. Le rapport immédiat où il se trouvait avec Dieu qui a été sa providence, son juge rémunérateur, son père bienfaisant avant le péché, ce rapport n’a pas été brisé depuis. Il s’est continué de famille en famille, de génération en génération, s’est étendu sur tous les individus avec la pro-

  1. Ps. 2, 7 ; 82, 6. (2) Genèse, ch. VI, v. 7.
  2. Genèse, ch. VI, v. 7.