Page:Simon Levy - Moïse, Jésus et Mahomet, Maisonneuve, 1887.djvu/146

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ne méritent que dédain, mépris, persécution, que sera-ce donc lorsqu’elles se présenteront, lorsqu’elles paraîtront devant Dieu au jour du jugement ? Pourront-elles espérer de s’asseoir à l’ombre du Très-Haut, et de se délecter de la contemplation du Père Éternel ? Naïve question ! A qui l’on a commencé par dénier la conception même de l’idée de vertu et de justice, comment lui promettrait-on ensuite une récompense ? Dès que la foi seule peut nous remettre en possession des magnifiques aptitudes dont nous fumes primitivement doués pour aimer, rechercher et pratiquer le bien, l’absence de cette foi est un signe non équivoque de notre damnation. Il n’est nullement nécessaire de presser sur ce point le Christianisme et le Mahométisme pour avoir leur conclusion. Cette parole de Jean : « Quiconque croit au Fils possède la vie éternelle, mais quiconque ne croit pas au Fils ne verra pas la vie, la colère de Dieu demeure sur lui[1] » ; cette autre parole plus connue et non moins significative : «Hors de l’Église point de salut », ne sont-elles pas de la plus écrasante évidence ? La doctrine mahométane ne dit-elle pas avec une tout aussi accablante clarté : « Pour les infidèles, ils seront les aliments du feu. Autant d’or que la terre en peut contenir, ne saurait les racheter du châtiment cruel. Ils n’auront point de défenseur[2]. »

Que le Judaïsme est plus admirable quand il assure sa part de salut à tout homme vertueux, qu’il soit chrétien, musulman ou même païen[3] ! Nous n’aurions pas osé dire qu’il est plus généreux, dans la crainte d’ôter à la tolérance qu’il proclame son vrai caractère, qui est précisément d’être, non pas une concession mais un principe, non pas une faveur mais un devoir. Lorsque l’on a reconnu à l’homme la liberté personnelle, lors-

  1. Jean, ch. III, v. 18 et 36.
  2. Coran, ch. Il et ch IX.
  3. Talmud, Traité Abodath Elilim, pages 3 et 10, Guittin, p. 56.