Page:Simon Levy - Moïse, Jésus et Mahomet, Maisonneuve, 1887.djvu/147

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qu’on lui a accordé, avec toute l’indépendance qu’elle comporte, la faculté de se diriger à son gré, de donner ou de refuser son adhésion à telle ou telle idée, à tel ou tel dogme, parce que la philosophie et la religion sont des champs où chacun peut se mouvoir à son aise sans craindre d’empiéter sur le terrain d’autrui, il ne peut plus s’agir ensuite de venir marchander au dissident l’estime particulière, la considération publique et même la protection des lois. Avec le droit de disposer de son cœur et de sa pensée intime comme il l’entend, le croyant nous échappe complétement ; il s’élève à une sphère où il demeure seul avec Dieu, véritable et unique juge de sa conscience, et d’où la société ne peut le faire descendre pour le contraindre à la confession, à l’acceptation d’une foi sociale, en pesant sur lui par la menace de ne pas l’admettre sans cela à la jouissance des bénéfices de la loi civile. Quand nous traiterons en détail des diverses sortes de devoirs, nous montrerons combien le Judaïsme est resté fidèle à ce principe général, en étendant une égide également protectrice sur tous les habitants de la Palestine, sur les nationaux comme sur les étrangers, sur l’Hébreu comme sur le non-Israélite. La parfaite unité d’origine que le Judaïsme assigne aux hommes, l’égale dignité dont il les met si facilement en possession, ne pouvait guère lui permettre de voir en eux autre chose que les membres d’une seule et même famille, dont Dieu est et demeurera à jamais le père ; par suite, de réclamer pour eux une même justice sur cette terre et des espérances identiques dans l’autre monde, espérances et justice dont il appartient à eux seuls de régler la mesure, ici comme ailleurs, par le mérite ou le démérite de leurs actions respectives.