Page:Simon Levy - Moïse, Jésus et Mahomet, Maisonneuve, 1887.djvu/160

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parfait ? Aimer Dieu, s’attacher à lui, le prendre toujours pour guide et pour modèle ; être juste et bon parce qu’il est juste et bon ; fidèle, véridique, clément et miséricordieux, parce que toutes ces qualités sont les siennes, voilà des points sur lesquels Moïse ne cesse de revenir. Il y voit la clef du bonheur, le secret de la vie, le but clairement marqué de notre existence[1]. « L’homme ne vit pas seulement de pain, dit-il ailleurs, mais encore de tout ce qui sort de la bouche l’Éternel[2]. »

C’est en s’instruisant, en se perfectionnant, en étudiant le devoir, en se pénétrant d’amour pour la justice que l’homme entre à pleines voiles dans le chemin de sa destinée. C’est en travaillant sans relâche à l’élévation de son niveau moral qu’il marche sûrement à sa fin. La vie est à ce prix, nous entendons avec le Pentateuque[3], même la vie dans ce monde-ci, c’est-à-dire, le sentiment de se savoir compté pour quelque chose dans les événements qui se passent sous nos yeux et de se posséder dans sa personnalité propre. Car, quel serait encore le rôle de celui qui, contrairement à la fin qui lui est assignée, laisserait dépérir en lui ses belles facultés en les employant uniquement à satisfaire les désirs du corps. Ce n’est point par le raffinement apporté à la satisfaction de ces désirs que l’Humanité progresse et se civilise. La civilisation s’enferme tout entière dans le domaine moral, et si nous la voyons appeler à son aide la science et l’industrie autant et plus quelquefois que la philosophie, c’est moins pour mettre à profit leurs résultats pratiques, que pour faire, à la suite de leurs importantes découvertes, un pas en avant dans l’ordre moral auquel elles confinent étroitement par un côté. Observer la marche des astres, arracher à la nature quelques-uns de ses secrets sur la

  1. Lévitique, 19, 2. Deut., 4, 4, 10, 20, 11, 22, 13, 5.
  2. Deut., 8. 3.
  3. Lévit., 18, 5.