Page:Simon Levy - Moïse, Jésus et Mahomet, Maisonneuve, 1887.djvu/161

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formation des corps composés, et utiliser ensuite la science acquise pour augmenter le bien-être matériel des sociétés humaines, ravir au ciel la foudre pour la mettre au service des communications terrestres, c’est bien, si vous voulez, ş’occuper d’améliorations et de perfectionnements qui correspondent aux aspirations les moins nobles de l’âme. Mais en même temps quel nouvel et plus large horizon se déroule devant l’autre partie de l’âme, devant la partie intellectuelle, à la faveur de toutes les découvertes ! Dieu ne devient-il pas, pour ainsi dire, plus présent et plus compréhensible à celui qui, sortant de la spéculation pure, se met à transporter dans une machine industrielle, pour y faire l’essai d’application, un des rouages qu’il a étudiés dans la mécanique céleste ? A quelle distance de Dieu se trouve placé même cet obscur mécanicien qui forge des engrenages et commande, en pressant un ressort, à un gigantesque métier, de marcher pour donner un produit nouvellement inventé ? En est-il si éloigné qu’il ne puisse, par une pensée immédiate, se reporter vers le grand Architecte de l’Univers qui a agencé le monde d’une si admirable façon ? Non, il n’y a pas jusqu’à l’humble artiste dessinant des fleurs ou nuançant les couleurs qui n’opère son rapprochement avec Dieu. Un goût épuré vaut certainement quelque chose, et c’est, sans contredit, s’approprier une des faces de la vérité éternelle que de se complaire dans la copie du beau en maniant habilement soit le crayon, soit le ciseau, soit le pinceau. Donc, le peintre aussi bien que le sculpteur, le mécanicien pas moins que l’astronome, et tous ensemble au même titre que les philosophes, se trouvent dans la voie tracée à la destinée humaine ; ils développent tous de nobles dispositions qui se trouvent en eux. Un seul s’en écarte : c’est l’homme qui n’a jamais d’autre souci, d’autre soin que de contenter ses passions. En les lais-