Page:Simon Levy - Moïse, Jésus et Mahomet, Maisonneuve, 1887.djvu/167

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tous les points du globe ce même fait se reproduit. Partout l’isolement pèse à l’homme ; il se trouve malheureux quand il n’est pas réuni à ses semblables ; il sent qu’il a besoin de son prochain et que mutuellement ils ont à se servir, à s’entr’aider pour rendre l’accomplissement de leur destinée facile, possible même. De sorte que l’on pourrait définir la société humaine : la mise en commun par tous les hommes de leurs facultés physiques et morales, pour pouvoir, en s’appuyant l’un de l’autre et en se servant l’un l’autre, arriver à atteindre avec plus de sûreté le but assigné par Dieu à l’existence terrestre. Cela ne veut pourtant pas dire que la société repose sur un contrat synallagmatique qu’il appartiendrait aux hommes de déchirer par un mutuel retrait de ce qu’ils ont ainsi mis en commun. La société n’est pas si fragile que cela ; elle est d’institution divine ; elle répond aux vues éternelles de la Providence, et toutes les trahisons et toutes les violences et toutes les révoltes réunies ne prévaudront jamais contre elle. Dieu a voulu que l’homme naquit sociable et, en même temps, il l’a mis dans la nécessité absolue de se foudre avec la société ; il a tout disposé de façon que si nous nous séparons d’elle, nous passions inaperçus dans ce monde sans qu’on fasse attention à nous, mais aussi sans que nous soyons un danger pour elle ; et qu’au contraire, si nous vivons et agissons dans le sein de la société, nous devenions quelque chose, parce qu’alors nous devenons utiles, parce que nous remplissons un rôle, parce que nous aidons à former la chaine.

Et tel serait l’individu éloigné de la société, tel serait un peuple s’isolant du reste de l’Humanité. Tous les peuples, tant ceux qui traversent le même siècle que ceux qui se succèdent dans le temps, sont liés entre eux par d’étroits rapports ; ils constituent ce que l’on appelle le genre humain et ont, par