Page:Simon Levy - Moïse, Jésus et Mahomet, Maisonneuve, 1887.djvu/171

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toute la terre ; où la maison du Seigneur sera rétablie sur la montagne de Sion vers laquelle afflueront les nations, disant : Venez, entrons tous dans le temple de l’Éternel ; étudions la Loi de Dieu et suivons-en les préceptes ; que Dieu soit notre juge suprême, notre médiateur et qu’il dispose les peuples à changer leurs lances en serpettes, leurs épées en socs de charrue[1]. Que sont toutes ces brillantes espérances, sinon celles que Dieu lui-même a fondées en l’accomplissement graduel de la destinée de l’homme qui est aussi celle de l’humanité ?

Mais continuons : quand Israël attend-il son Messie ? Alors que la connaissance de Dieu sera répandue sur toute la terrc ; que des croyances identiques et toutes vraies et pures auront fait des nations du globe une famille de frères ; qu’un même désir sera entré dans tous les cœurs, le désir de travailler au bien-être du genre humain ; alors enfin, que chacun se sentira porté à faire le sacrifice de ses mauvaises inclinations, soit par respect pour sa propre dignité, soit par amour pour la vertu, soit par crainte d’offenser la sainteté du souverain Créateur[2]. Qu’est l’espoir de voir arriver un jour semblable ? Une nouvelle preuve que le Judaïsme ne sépare pas son Messie de l’accomplissement de la destinée du genre humain tout entier. Aussi, et quoi que l’on en ait dit, la pensée du Messie n’a-t-elle jamais eu pour le peuple Juif aucune nuance de domination personnelle et nationale. C’est à peine même s’il aspire au retour en Palestine. Dans les prières journalières il y a des paragraphes qui, naturellement, se rapportent à la venue du Messie. Que trouvons-nous dans ces prières synagogales ? Nous allons traduire littéralement pour mettre le lecteur à même de juger de nos aspirations messianiques : « O Dieu, puisses-tu

  1. Voir aussi Maimonide ; sur ces versets d’Isaïe Iad Hachsaka, Hilchoth melachim, dernier chapitre.
  2. Zacharie, ch. VIII, v. 4 et ch. II v. 3.