Page:Simon Levy - Moïse, Jésus et Mahomet, Maisonneuve, 1887.djvu/175

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ne sera ni de ces grandeurs éphémères ni de ces amusements frivoles que rêvent quelques folles têtes. Le triomphe, mais le triomphe complet de la charité et de la justice, voilà le spectacle duquel nous aimerons à nous délecter. A l’époque messianique, nous aurons la satisfaction suprême d’assister à l’universelle régénération de l’Humanité, et qui sera surtout une régénération toute spirituelle donnant à la vérité plus d’empire à la vertu, plus de force et de prestige et, par suite, à tous deux, plus d’adorateurs[1] ».

En résumé donc, nous croyons avec la Bible, avec le Talmud, avec tous les penseurs juifs, que le Messie amènera sur la terre une ère de paix qui sera générale et durable ; que le genre humain, par le degré de perfection intellectuelle et morale qu’il aura atteint, marchera d’un pas sûr vers la félicité déjà accessible en ce bas monde, au moyen de la connaissance de la vérité et le contentement de la conscience ; que pour avoir la constante jouissance de cette félicité, l’homme aura, même après la venue du Messie, toujours des obstacles à surmonter, des faiblesses à corriger, des passions à réprimer, car les conditions de l’existence terrestre ne seront pas différentes de ce qu’elles sont aujourd’hui ; la mort non plus n’aura pas disparu, puisque le Messie lui-même mourra comme tous les humains ; mais les vices et les passions seront plus facilement réprimés et évités par suite de l’empire qu’aura pris universellement la vertu ; cette dernière aura déjà, à l’apparition du Messie, remporté sa grande victoire sur le mal dans le combat de Gog et de Magog, présenté par les prophètes comme une figure, et d’où le Messie sera sorti vainqueur ; c’est-à-dire enfin, que le Messie sera lui-même la vertu triomphante, et, par son exemple, il aura appris à l’Humanité à dompter le vide pour se frayer plus

  1. Commentaires sur la Mischnah, fin Talmud Sanhedrin. p. 128.