Page:Simon Levy - Moïse, Jésus et Mahomet, Maisonneuve, 1887.djvu/180

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l’autre de sa Mosquée. A quoi aspiraient-ils tous deux ? A ramener vers des idées qui leur étaient propres, la totalité du genre humain. Ils s’étaient pénétrés de certains enseignements dont ils voulaient assurer le triomphe dans l’avenir, et à la défense, et à la propagation desquels ils voulaient appeler leurs disciples et cette phalange d’hommes nouvellement convertis à la doctrine qu’ils prêchaient. Mais comme, ni Jésus, ni Mahomet, n’étaient doués de l’esprit prophétique et que, n’ayant pas reçu de Dieu la mission de doter l’Humanité d’une loi nouvelle, il ne leur avait pas été donné de prévoir le sort réservé à celle qu’ils préconisaient, ils durent nécessairement prémunir les fidèles qui s’étaient récemment attachés à eux contre toutes espèces de malheurs dont ils pourraient avoir à souffrir dans le cours de leur apostolat.

C’était donc vers la pire des situations, qui pouvait être faite aux néophytes, que les fondateurs du Christianisme et de l’Islamisme devaient avoir principalement leur attention fixée. La pauvreté, la misère, l’abandon, la désaffection surtout contre les apôtres au sein de leurs propres familles ; le mépris, la haine que leur voueraient leurs anciens frères en religion ; la persécution, le martyre dont les accableraient les chefs politiques des divers pays où ils porteraient leurs pas, tout cela était fort à craindre, à redouter. A tant de fléaux possibles, il fallait par avance une compensation ; à tant d’aversités presque inévitables une récompense dut être proposée, et où Jésus et Mahomet eussent-ils pu la chercher et la placer, sinon, dans les félicités de la vie future ? Dans l’impossibilité où ils se trouvaient d’annoncer quelque chose de positif sur le succès prochain de la nouvelle prédication, il fallait bien qu’ils se rabattissent sur les obstacles probables qu’elle rencontrait et que, contre ces obstacles, ils armassent de bonne heure le courage des prosélytes par la