Page:Simon Levy - Moïse, Jésus et Mahomet, Maisonneuve, 1887.djvu/186

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surtout, comme on l’a judicieusement observé, appliquer le Chareth à la vie future et entendre « par là l’état d’une âme éloignée de l’éclatante Schechinah ou majesté de Dieu, privée de toute participation aux émanations supérieures réservées aux âmes qui arrivent à l’alliance de vie. Cette peine s’appelle Chareth, parce que l’âme qui en est frappée ressemble à un rameau détaché de l’arbre d’où il tire sa nourriture et sa vie ; ainsi une âme pareille est retranchée de la céleste alliance de la vie et de la jouissance de l’éclat de la Schechinah qui est un plaisir spirituel et une récompense spirituelle[1] ».

Nous pourrions encore nous arrêter à une autre remarque non moins judicieuse faite par un docteur du Talmud, et qui montre que la croyance à l’immortalité de l’âme est enfermée dans plus d’un passage du Pentateuque. Cette remarque, la voici : « Au sujet du cinquième des dix commandements, il est écrit : Afin que tu vives longtemps[2] et au sujet de la défense de dénicher ensemble l’oiseau et ses petits, il est dit : Pour que tes jours se prolongent[3]. Or, supposons qu’un père ordonne à son fils de monter sur un arbre et d’y prendre un nid de tourterelles. Le fils, en enfant docile, s’empresse d’obéir et, suivant la prescription biblique, il prend les petits et laisse la mère s’envoler. En descendant de l’arbre, le fils glisse, tombe et meurt (le fait est arrivé, Rabbi Jacob en a été témoin). Comment, demande avec raison ce docteur, comment la récompense d’avoir la vie longue peut-elle se réaliser à l’égard de ce fils malheureux qui a précisément accompli les deux préceptes à l’occasion desquels la récompense d’une longue vie est inscrite dans le Pentateuque ? Il faut donc logiquement songer à l’explication suivante du texte : Afin que tu sois heureux… dans le

  1. Voir Traité de l’immortalité de l’âme chez les Juifs, par le Dr Brecher, traduit par M. Isidore Cahen.
  2. Deut., chap. V, v. 16.
  3. Deut., chap. XXII, v. 7.