Page:Simon Levy - Moïse, Jésus et Mahomet, Maisonneuve, 1887.djvu/185

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leur a assignée respectivement, peut-on encore supposer qu’il ait douté un instant de la survivance de l’âme à la dislocation, la dissolution même du corps ? Que dit le grand législateur au début de la Genèse ? Il nous représente Dieu prenant de la poussière de la terre pour en former le corps de l’homme, et déposant ensuite dans ce corps un souffle de vie, une âme vivante. N’était-ce pas franchement rendre hommage à la vérité de l’immortalité de l’âme que d’avoir ainsi proclamé dès le principe que l’homme est un être complexe, nous entendons composé d’un corps et d’une âme qui sont par leur essence totalement distincts l’un de l’autre ? En faut-il davantage pour se persuader que la partie spirituelle qui est en nous n’est point nécessairement entraînée dans la perte que nous faisons de notre autre partie, la partie corporelle ?

Mais allons plus avant, et voyons si la croyance à l’immortalité de l’âme ne se trouve pas clairement exprimée dans le Pentateuque. Et d’abord nous pourrions arguer très facilement en faveur de cette croyance, d’un mot souvent répété dans les cinq livres de Moïse et qu’il serait impossible de comprendre si on ne le rattachait à la réalité d’une rémunération future. Nous voulons parler du mot Chareth, être retranché[1]. Être retranché est une locution qui revient en maint endroit du Pentateuque. Tous les commentateurs sont d’accord de ne pas y voir un retranchement immédiat, c’est-à-dire la mort physique arrivant subitement sur celui qui s’est rendu coupable du péché dont le Chareth est la punition positivement affirmée. Ce n’est même pas toujours une mort prématurée que ce mot peut vouloir dire. Que d’impies et cela des plus arrogants qui ont déjà atteint et qui atteignent tous les jours une extrême vieillesse ! Il faut donc

  1. Genèse, chap. XVII, v. t. Exode chap. XII, v. 15 et bien d’autres endroits.