marque de sa croyance à la persistance de l’âme après a mort. Jamais peut-être des expressions plus fortes n’ont été employées par Moïse pour flétrir un crime. Ce verset saccadé que nous venons de citer, et qu’il faut lire dans le texte original pour en saisir toute l’énergie, atteste chez Moïse un sentiment de réprobation qu’il semble avoir peine à contenir en présence du suicide et de l’homicide, deux attentats horribles entre tous, et si les Hébreux, comme tout l’atteste, ont compris ce sentiment, c’est qu’ils avaient eux-mêmes au cœur la foi en l’immortalité de l’âme.
Mais pourquoi, demandera-t-on toujours, pourquoi Moise n’a-t-il pas formulé en dogme cette croyance ? Parce que, répéterons-nous, rien, si ce n’est une sanction à donner à son enseignement, ne l’obligeait à y insister plus particulièrement, la sachant et la voyant si profondément ancrée chez son peuple. Or, cette sanction, Moise l’avait trouvée amplement dans la perspective de rémunérations immédiatement réalisables qui lui avait été offerte par les soins de Dieu et avec ordre de la faire entrevoir au peuple d’Israël. Seulement, qu’on veuille aussi ne pas l’oublier, en dehors de cette perspective, ou, si l’on veut, à côté d’elle, était toujours demeurée à Israël celle de la vie future, car, encore une fois, il n’est dit nulle part dans le Pentateuque que la justice divine soit épuisée par l’avènement des félicités ou des malheurs terrestres annoncés au nom de Dieu. Tout en recevant des récompenses et des punitions dans ce monde déjà, l’homme en a encore à attendre dans le monde futur. Là, ces récompenses et ces punitions se donneront dans leur plénitude. Et la preuve que cette espérance de rémunération ultérieure existait chez les premiers Hébreux, c’est la façon dont le Pentateuque décrit la mort des patriarches. Qui plus que les patriarches avait jamais joui des