Page:Simon Levy - Moïse, Jésus et Mahomet, Maisonneuve, 1887.djvu/189

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bienfaits de la vie ? Bénis dans leurs familles, dans leurs entreprises, dans leurs aspirations ; comblés d’honneurs et de richesses, ils s’étaient tous éteints dans une heureuse et paisible vieillesse ; ils avaient vu leur alliance recherchée par les plus grands personnages de leur temps ; les croyances religieuses pour le triomphe desquelles ils s’étaient voués à une existence constamment errante et agitée, ils avaient eu le bonheur de les voir s’implanter chez leurs enfants et, par-dessus tout, ils avaient eu la consolation de contempler, réunis autour de leur lit, des fils presque tous héritiers de leurs mâles vertus et de leur courageux apostolat. S’il se trouvait donc quelqu’un pour qui la continuation de la vie après le trépas, considérée comme prélude à une rémunération future ne devait pas être de première nécessité, c’était bien l’un ou l’autre de ces vénérables vieillards. Et pourtant, comment les fait-on mourir ? Avec la certitude qu’ils iront rejoindre dans l’autre monde leurs parents et ancêtres décédés. Au sujet d’Abraham il est dit : « Abraham défaillit et mourut dans une heureuse vieillesse, âgé et content, et il rejoignit ses pères[1]. »

Au sujet de Jacob : « Jacob ayant dicté à ses fils sa volonté dernière, ramena ses pieds dans son lit, expira et rejoignit ses pères[2] ». De même Aron, le grand-prêtre, est réuni à ses pères après avoir rendu le dernier soupir dans le désert sur la montagne de Hor[3]. Tant d’hommes s’éteignant en tant de différents endroits, et toujours loin de leurs ancêtres décédés qu’ils iront cependant rejoindre après la mort, quelle plus forte preuve veut-on de la franche expression avec laquelle se trouve accusée dans le Pentateuque la croyance à l’immortalité de l’âme ! Cet Aron qui a été enterré sur une montagne du

  1. Genèse, ch. XXV, v. 8.
  2. Genèse, ch. XLIX, v. 33.
  3. Nombres, ch. XX, v. 21.