Page:Simon Levy - Moïse, Jésus et Mahomet, Maisonneuve, 1887.djvu/19

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corps, avec l’entrée dans le Scheol, que la vie de ce monde n’a d’objet ni de but qu’elle-même, qu’il faut donc en tirer, si je puis ainsi dire, ou bien lui faire rendre tout ce qu’elle contient, et ne jamais sacrifier un plaisir présent à l’espérance, à l’illusion, au leurre d’une félicité future. » Déjà, dans la Revue des Deux-Mondes également, M. Charles Richet avait écrit sur un ton un peu moins absolu : « Les Juifs, qui certainement sont une des races supérieures de l’humanité, n’admettent que depuis une époque relativement moderne l’existence d’une seconde vie. »

Cela est bientôt dit, mais point prouvé. Au contraire, si quelque chose ressort clairement de Moïse, c’est la conviction qu’il avait de la persistance de l’âme après le trépas. Et il ne pouvait guère en être autrement, s’il est vrai, comme le prétend surtout M. Marius Fontane, que Moïse ait fait de larges emprunts aux croyances, soit égyptiennes, soit iraniennes, soit bactrianes. M. Charles Richet reconnaît formellement « qu’une idée venant de l’Égypte, a été celle que l’homme se survit à lui-même, et que l’âme n’est pas anéantie quand le corps cesse de se mouvoir. » Et ce serait précisément cette idée que Moïse et les Hébreux élevés en Égypte auraient ignorée ! Nous établissons l’inverse dans trois chapitres, traitant successivement de l’immortalité de l’âme, de la vie future et même de la résurrection qui prouve, à tout le moins, la croyance à la personnalité humaine se conservant après la mort.

Un point pourtant que l’on daigne relever à l’éloge d’Israël, c’est l’idée messianique. M. Fontane l’appelle « la grande idée prophétique, celle qui fera subsister