désert, tandis qu’Amram son père l’a été en Égypte : ce Jacob qui se trouve déjà avoir rejoint les autres patriarches avant même que Joseph eût sollicité et obtenu de Pharaon la permission de le transporter dans le caveau de Machpélah ; cet Abraham enfin qui achète près de Sichem, loin de la Chaldée sa patrie, un endroit pour y abriter ses ossements, et qui, malgré cet éloignement, est réputé se trouver réuni à ses ancêtres reposant dans la Chaldée, ne sont-ce pas là des marques de la certitude avec laquelle ceux qui se tiennent au berceau du Judaïsme, croyaient à la continuation de la vie de l’âme après la dissolution du corps ?
Si nous osions encore invoquer à l’appui de cette croyance les pratiques superstitieuses, nous trouverions dans la défense formelle faite aux Hébreux de consulter les morts et de leur offrir des sacrifices[1] une attestation non équivoque de la foi populaire à conservation du sentiment et de la connaissance des choses terrestres chez les trépassés. Mais qu’est-il besoin d’aller si loin ? Ne possédons-nous pas la formule d’un vœu très significatif placé dans la bouche de Balaam par Moïse, et qui prouve surabondamment que Moïse ne pouvait douter de l’immortalité de l’âme ? « Plût au Ciel que mon âme mourût de la mort de ces justes, et que ma fin fut semblable à la leur[2] ». C’est en ces termes que Moïse rapporte la poétique exclamation de l’enchanteur de Péthor, en extase devant les vertus et la future gloire d’Israël. Quel non-sens il y aurait dans ces paroles, si tout devait finir avec la dernière pelletée de terre tombée sur notre cercueil quand la fosse se referme sur lui ! Où serait le bien, où le bonheur, où la satisfaction de mourir de la mort du juste, si rien ne nous attendait plus au-delà de la tombe ?