d’argile qui se brise d’une manière irréparable ; c’est un vase d’or et d’argent qui peut se refondre. Sûrement ton frère est recueilli par Dieu. Que sa séparation d’avec toi ne te soit donc pénible que comme l’est la séparation d’un ami qui va au loin faire fortune. Vous vous retrouverez, vous vous rejoindrez dans le monde futur où Dieu réunit tous ses saints autour de lui[1]. » Et voilà de quelle façon Moise a su tirer la meilleure des morales de la croyance à l’immortalité de l’âme de tout temps existant chez le peuple hébreu. Et ce qui va achever d’établir qu’Israël a toujours été animé de la foi en l’immortalité de l’âme, c’est l’antique opinion qu’il a professée à l’égard du Scheôl, dont il est si souvent fait mention dans le Pentateuque et plus tard dans les livres des Prophètes, jusqu’au moment où enfin les écrivains sacrés, les pseudépigraphes, les historiens et moralistes juifs post-bibliques, prononcent le mot même d’immortalité de l’âme. Qu’est-ce que le Scheôl ? qu’a-t-il été dans les plus anciens temps pour le peuple hébreu ? Nous ne nous attarderons pas à démontrer après l’érudit et célèbre Munk[2], qu’il faut de tous points se garder d’assimiler le Scheol au tombeau, à la sépulture matérielle que recevaient les morts. Avec lui nous serions obligés de redire que, lorsque le père de Joseph s’est écrié dans sa douleur : « Je descendrai avec deuil auprès de mon fils dans le Scheól[3] », ce Scheôl ne saurait être le tombeau, puisque Jacob supposant son fils dévoré par une bête féroce, ne pouvait pas espérer voir un jour ses ossements reposer auprès de ceux de Joseph. Qu’était-il donc ? A notre avis qui est aussi celui des exégètes et des docteurs juifs les plus autorisés[4], le Scheôl était un endroit où les morts étaient censés
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