Page:Simon Levy - Moïse, Jésus et Mahomet, Maisonneuve, 1887.djvu/193

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se réunir pour de là se présenter l’un après l’autre et forcément devant le Juge suprême. Et à notre avis encore, cette signification du Scheôl a toujours été la même en Israël ; elle n’a pas varié, elle ne s’est pas modifiée avec le progrès des idées qui s’est naturellement accompli à la suite des temps et lorsqu’en Israël la croyance à l’immortalité de l’âme a fini, comme nous le verrons tout à l’heure, par être exprimée en termes propres pour être élevée à la hauteur d’un dogme, la croyance du Scheôl avec la signification que nous venons de lui assigner n’en a pas moins continué à se maintenir. Et il nous importe beaucoup que l’on sache pourquoi nous tenons tant à ce que l’on se persuade que ces deux croyances ont simultanément existé chez les juifs des derniers temps et non pas que la première soit venue remplacer l’autre. Le motif, c’est qu’à la faveur de cette simultanéité, on comprend fort bien comment il a pu se faire que le progrès ait marqué de son sceau le principe de l’immortalité de l’âme, sans que pour cela on soit forcé de refuser aux premiers Hébreux la connaissance de ce même principe. Que dit à cet égard la critique religieuse de la savante Allemagne ? Que la croyance au Scheôl, la seule, prétend-on, que l’on eût possédée au temps biblique primitif, s’est transformée avec les années et a finalement abouti à la croyance à l’immortalité de l’âme. Or, que contient une semblable thèse, sinon l’affirmation qu’à l’époque mosaïque on était parmi les Hébreux complètement ignorant de la véritable destination de l’âme ; que l’on avait bien l’idée de sa permanence, mais qui n’apparaissait encore que dans un demi-jour ? C’est là exactement ce que Bossuet avait déjà soutenu longtemps avant la critique allemande et c’est ce que nous ne pouvons concéder. Si, au contraire, au lieu d’abandonner l’antique croyance au Scheôl et de la laisser se résoudre, se fondre et se perdre dans le dogme de l’immor-