Page:Simon Levy - Moïse, Jésus et Mahomet, Maisonneuve, 1887.djvu/202

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aucune attention à les conserver dans leur état de propreté. A quelque temps de là, le roi voulut qu’on lui rendît les vêtements. Naturellement, les sages purent les rapporter comme ils les avaient reçus, frais et intacts ; les imprudents les rendirent maculés et salis, ce qui mit le roi fort en colère Il dit : Que les hommes sages et prudents s’en aillent en paix et qu’on reçoive avec grâce les vêtements purs qu’ils rapportent, mais qu’on se saisisse des imprudents pour les mettre en prison après que l’on aura fait dégraisser les vêtements salis par eux.

» Ainsi Dieu procède avec les hommes. Il est dit de ceux qui ont été vertueux sur la terre : « Qu’ils arrivent en paix et reposent tranquillement sur leurs couches[1]. » Cela s’applique au corps des justes. Quant à leur âme, voici ce qui en est dit : « L’âme de mon maître sera conservée au faisceau de la vie éternelle[2] ». Mais des corps des méchants il est écrit : « Point de paix, dit l’Éternel, pour les méchants[3] », et de leurs âmes il est dit : « Et l’âme de tes ennemis sera lancée dans une fronde[4]. »

Combien d’autres paraboles de ce genre pourrions-nous encore citer et qui établissent que, soit du temps de Jésus, soit du temps où vécut Flavius Joseph, soit à celui de Mahomet, la croyance à l’immortalité de l’ame était passée à l’état de croyance populaire et enseignée dans les Écoles comme vérité dogmatique ? Pas plus donc qu’on ne voudrait le prétendre de l’historien Joseph, on n’a le droit d’avancer que Jésus et Mahomet ont publié quelque chose de nouveau en préchant la survivance de l’âme à la mort du corps. Et quand Bossuet a

  1. Isaïe, 37, v. 2.
  2. I Samuel, chap. XXV. v. 29.
  3. Isaïe, chap. XLVIII, v. 23.
  4. I Samuel, chap XXV. v. 2. Tout ce passage est tiré du Talmud, traité Schabbat, p. 133.