Page:Simon Levy - Moïse, Jésus et Mahomet, Maisonneuve, 1887.djvu/201

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et celle de leurs femmes et de leurs enfants en vue de la vie céleste. L’un et l’autre ont pu de la sorte largement s’inspirer des convictions qui, à l’égard de la croyance à l’immortalité de l’âme, remplissaient à cette époque tous les cœurs, comme d’ailleurs elles les avaient toujours remplis à toutes les époques de l’histoire israélite. Joseph et Jésus entendaient journellement leurs frères en religion réciter cette antique prière toute dogmatique[1] : « Mon Dieu, l’âme que tu m’as donnée est pure, tu l’as créée, tu l’as formée, tu me l’as insufflée, tu la conserves en moi et tu me la reprendras un jour pour me la rendre dans les temps futurs. »

Mahomet, à son tour, vivant à côté d’une population juive assez considérable qui habitait Médine et la Mecque et ayant eu un rabbin pour précepteur et pour initiateur, pouvait également chaque jour entendre. cette formule de prière si clairement affirmative de l’immortalité de l’âme. De plus, Mahomet connaissait, sans aucun doute, par son maître et professeur, les belles paraboles par lesquelles les docteurs du Midrasch et du Talmud savaient rendre si sensible, quand ils le voulaient, la croyance à l’immortalité de l’âme. Que l’on nous permette de citer la suivante : « Qu’est-ce que ce mot de l’Ecclésiaste : L’esprit retourne vers Dieu qui l’a donné[2] ? Il signifie que lorsque vous quitterez cette terre, vous devez rendre à Dieu votre âme dans sa pureté primitive. Il y avait un roi qui, un jour, distribua entre ses serviteurs de magnifiques vêtements. Ceux qui, de ces serviteurs, avaient la sagesse au cœur, plièrent soigneusement les vêtements et les serrèrent dans des armoires ; les moins prudents d’entre eux s’en revêtirent, au contraire, et ne firent

  1. Voir Rituel des prières, dont la composition remonte à Ezra et aux hommes de la Grande Synagogue, au cinquième siècle avant l’ère chrétienne.
  2. Ecclésiaste, chap. XII, v. 7.