Page:Simon Levy - Moïse, Jésus et Mahomet, Maisonneuve, 1887.djvu/207

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d’envisager un sujet sous le même aspect, de la présenter sous les mêmes couleurs et d’en parler avec la même réserve, c’est déjà un sérieux indice, disons mieux, une certitude que l’une et l’autre se trouvent dans la bonne voie. Elles ne sont pas si ennemies qu’elles ne veuillent, de temps à autre, se prêter un appui réciproque, et, pour notre compte, une vérité de révélation confirmée par la philosophie, ou un aperçu philosophique corroboré par un enseignement religieux, nous a toujours paru être placé en dehors de toute atteinte du doute.

Or, que nous apprend la philosophie par rapport à la vie future ? Quelle existe et voilà tout. Elle ne sait rien de particulier sur elle ; elle ne s’inquiète même pas d’en découvrir quelque chose, car elle craindrait de se lancer à pleines voiles sur la mer de l’imagination. Le mirage et la fantaisie lui font peur, et c’est ce qu’elle redouterait de rencontrer si elle se hasardait à rechercher comment se distribuent les félicités et les châtiments après la mort.

A son tour, la révélation s’est montrée de la même circonspection. Si elle n’avait pas à craindre de s’égarer, puisqu’elle est la sagesse de Dieu même, elle tenait du moins à garantir le fidèle de tous les écarts où peut entraîner la recherche des choses d’outre-tombe. Elle en eût dévoilé quelques-unes, que l’imagination populaire se serait précipitée dans ce champ une fois entr’ouvert avec un entraînement irrésistible ; puis, allant d’un excès à l’autre, la folle du logis aurait chassé la raison, et bientôt la foi n’aurait plus eu à se repaître que de fictions, au lieu de réalités qui sont et doivent être sa vraie nourriture.

D’un autre côté, la révélation, en élevant l’homme presqu’à la hauteur de Dieu par suite du majestueux spectacle qu’elle lui avait présenté d’un peuple communiquant directement avec